[Critique] « Matangi/Maya/M.I.A », de Steve Loveridge – ce vendredi à 14h au Concorde
La réputation de l’artiste M.I.A n’est plus à prouver. Avec un album désigné numéro 1 par le magazine Rolling Stones, l’artiste fait clairement partie des célébrités. Mais il est intéressant de se demander si cela a toujours été son ambition… Pour le savoir, Matangi/Maya/M.I.A est une mine d’or. L’artiste nous dévoile, à travers des enregistrements personnels de son enfance et adolescence, son cheminement jusqu’à la gloire, en passant par ses engagements et ses démêlés avec la presse.
Sensibiliser : c’est la nouvelle vision des pop stars, et M.I.A., veut, elle, sensibiliser à ce qu’il se passe, entre autres, au Sri-Lanka. M.I.A. qui affirme ne pas vouloir faire comme tout le monde, le prouve avec ce documentaire hors norme filmé en partie par elle-même. Le but de M.I.A, outre celui de montrer les coulisses de son succès et de sa montée en puissance, est de dénoncer ce qui a pu lui arriver. Elle nous partage comment elle a vécu ses mésententes avec la presse ; artiste engagée malheureusement mal interprétée par les médias. Personnellement impliquée par les causes qu’elle défend, n’hésitant pas à choquer pour faire parler d’elle ou pour manifester son mécontentement face à la l’inaction, l’absence de réactions, ou la mauvaise interprétation des journalistes face à ce qu’elle affirme. Elle tient à démontrer que toutes les situations problématiques du monde sont importantes, et non pas seulement celles des grandes puissances mondiales.
C’est dans son adolescence, plus précisément en 1996, que Maya commence à se filmer et à raconter comment elle se sent. Elle dit avoir pour ambition à cette époque de devenir réalisatrice de documentaires. Après l’expérience de la conception d’un documentaire sur la tournée d’une chanteuse et de son groupe, elle se rend compte que cela ne lui convient pas. Elle nous fait part de sa façon de faire face aux critiques reçue de la part du groupe qu’elle suivait. Elle nous livre ainsi un portrait très humain ; expliquant en pleurs, ne pas se sentir à sa place.
Matangi a besoin de se rapprocher de sa famille puisque, au contraire de ce qu’on pourrait apprendre sur des sites tels que Wikipédia, elle est née au Sri-Lanka et est partie à Londres dans sa jeunesse. Elle retourne auprès de sa famille sri-Lankaise afin d’écouter, de récolter les témoignages de guerre auprès des habitants. Entendre tous ces témoignages lui donne l’envie d’en parler à son retour à Londres. Elle a besoin d’exprimer tout ce qu’elle a entendu, et c’est alors qu’elle choisit la musique pour porter ses propos. Elle utilise une table de mixage à une centaine de dollars, enregistre des démos et les propose à une maison de disque : le succès est immédiat. L’artiste est devenue celle que nous connaissons actuellement… avec les scandales, donc, auxquels elle a doit faire face.
Ce film nous plonge dans l’envers du décor des rumeurs qui concernent M.I.A. Nous la voyons sous un jour nouveau, livré directement par la chanteuse, ce qui permet de contrer l’image donnée par les médias. On suit l’artiste dans sa vie personnelle, ce qui lui donne une dimension plus humaine. M.I.A. ressent le besoin de s’exprimer à travers sa musique, pour extérioriser ce qu’elle ressent, ce qu’elle a entendu. C’était, avoue-t-elle cela, plutôt que la drogue.
Cette leçon d’humanité et un moyen de montrer que la presse peut nous faire passer n’importe quelle sorte d’information. Nous pensons tous que ce qui est dans la presse est vrai, et nous y croyons, à tort… La presse people est ainsi dénoncée. Matangi/Maya/M.I.A est une façon de nous faire ouvrir les yeux quant à la véracité des propos transmis par les médias. À voir pour comprendre ce qu’implique aussi d’être une star de renommée internationale.
Maëva Ygorra