[#NOUS AVONS VU] L’Evénement ou l’art de dénoncer

L’Auditorium du CYEL affichait complet ce jeudi 14 octobre, lors du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon, pour l’avant première de : L’Evénement de Audrey Diwan lauréat du Lion d’or du meilleur film. Un film bouleversant qui traite de l’avortement dans les années 60, avant sa légalisation en 1975.

L’Evénement, adaptation du roman du même titre de Annie Ernaux,  raconte l’histoire vraie d’une étudiante en Lettres, qui doit faire face, en 1963, à une grossesse non désirée. Le film relate le parcours du combattant entre plusieurs tentatives d’avortement, désespoir et solitude.

Les relations sexuelles hors mariages n’étaient pas acceptées surtout pour les filles et étaient souvent vécues comme un déshonneur. A l’époque, les jeunes filles se mariaient jeunes et cet évènement marquait la fin des études. Il était alors impensable pour une jeune fille désirant continuer ses études de tomber enceinte, d’autant plus que l’avortement était légalement interdit et socialement inacceptable. C’est ce qui arrivera au personnage principal, Anne, qui mettra tout en œuvre pour avorter et reprendre sa vie en main.

Audrey Diwan, réalisatrice du film, a choisi de traiter ce sujet qui la touche personnellement. Ayant fait le choix de l’avortement il y a quelques années, elle s’est intéressée à l’histoire de l’IVG en France et aux expériences traumatisantes des femmes depuis les années 50.

Dans ce film, la réalisatrice choisi de choquer pour sensibiliser à la situation des femmes qui risquent aujourd’hui leur vie dans les pays interdisant l’avortement. Elle dénonce également les conditions drastiques d’accès à l’avortement et les barrières tarifaires dans certains autres pays. Elle met en images la dure réalité des tentatives « maison » d’IVG avec des exemples concrets comme: la prise de médicaments par injection ou l’insertion d’aiguilles à tricoter chauffées dans l’utérus. La réalisatrice n’épargne pas le spectateur, même si elle précise qu’elle ne cherche pas à dégouter, juste interpeller et faire réfléchir. Le pari est réussi à en croire la forte émotion ressentie et les pleurs entendus dans la salle. Le public présent majoritairement féminin ne pouvait rester insensible aux scènes poignantes de réalisme.

Témoin d’une période particulière de l’histoire des femmes, ce film est à découvrir.

Sara ROUSSEAU et Clémentine TRITONI