[#CADAVRE EXQUIS] Une journée sur le festival. Des films. Une histoire. Jeudi.

Le déluge est arrivé plus vite que prévu, personne n’aurait pu anticiper ce qui allait arriver. A cause de la fameuse invasion des ours en Sicile nous avons dû fuir ma famille et moi. Comme beaucoup d’autres nous avons pris le chemin vers l’Angleterre, là-bas, notre cousin The Duke of Devonshire avait promis de nous aider. En l’appelant, ma mère criait « mayday mayday ! » tant elle était désespérée. Nous avions l’interdiction de parler de l’événement qui nous poussait à fuir. De toutes les façons, personne ne voulait en entendre parler, c’était trop de mauvais souvenirs.

Quand maman nous a dit de faire nos bagages et de partir au plus vite elle était méconnaissable. Avec ses cheveux en pétard et ses yeux rouges, elle ressemblait à médusa, on osait à peine la regarder. Alors nous avons fait au plus vite, pris nos valises et nous les avons remplies de vêtements. Dans la précipitation nous avons pris quelques souvenirs de la maison rangés dans une memory box. Nous l’avons cachée sous nos vêtements de peur de la réaction de maman, déjà paniquée à l’idée que les ours nous rattrapent. Il fallait faire vite. Dans la voiture, elle nous a promis que l’Angleterre serait notre « land of dreams« . Je n’ai pas vraiment compris ce que ça voulait dire mais elle avait l’air apaisée et çà me suffisait. Donc je lui ai souri … La route était longue… très longue, toute la ville voulait partir d’où les énormes bouchons qui ralentissaient tous les fuyards. Le bruit des moteurs était infernal, en plus il faisait chaud, très chaud en même temps nous étions en plein été, l’éternité était au milieu de ces bouchons. les premiers, les derniers ou ceux du milieu, personne ne pouvait avancer.

On osait parfois regarder les passagers dans les voitures voisines ou on jouait avec les autres enfants. Mais ces fils de plouc trichaient tout le temps, sauf Emma. Au début je la trouvais bizarre, surtout en raison de son animal de compagnie : une araignée. Mes parents m’ont demandé de rentrer dans la voiture et d’arrêter de jouer avec la jeune fille et l’araignée. Mais je m’en fichais, j’aimais bien Emma moi.. Bon, elle ne parlait pas français donc c’était compliqué de discuter avec elle.

Nous avons essayé de parler en chansons mais elle répétait sans cesse que mes musiques étaient mainstream, Je ne savais pas ce que ça voulait dire mais je m’en fichais. J’ai cru comprendre que sa famille vivait dans les bois, que ses parents étaient des Wild Men et elle une ninja baby car elle était trop jeune pour porter le titre de ses parents. En fait toute sa famille était bizarre, mais comme tout le monde ils ont dû fuir et pour cela acheter une voiture. Ça expliquait pas mal de choses.

Quand les bouchons se sont enfin terminés, nous avons pu rejoindre l’Angleterre par le tunnel sous la manche. Nous sommes allés directement chez notre cousin mais à l’entrée une grande affiche nous bloquait le passage, on pouvait y lire « knocking is forbiden go away now ! » Alors c’est maman qui a sonné. Son cousin nous a ouvert la porte, l’air vraiment énervé, il regardait un film de Jim Carrey celui où il y a un bonhomme tout vert, et il nous a bien fait comprendre qu’il détestait être dérangé. Super, notre résidence en Angleterre allait vraiment être drôle. Dans la maison, il y avait une femme âgée qui criait en espagnol, elle aussi énervée parce qu’elle allait rater son émission sur les films policiers. Avant même qu’elle nous dise bonjour, elle hurlait « Una pelicula de policias ! Una pelicula de policias !! » Ce qui est sûr, c’est qu’en parlant 3 langues dans la même maison, on allait pas s’entendre !

 

Naëlle Sicard