Logement social en Grande-Bretagne : un problème sans solution ?
Quand on pense à Grande-Bretagne (Angleterre, Pays de Galles et Écosse), on ne penserait pas tout de suite aux problèmes sociaux que cette région doit affronter. La Grande-Bretagne compose la majeure partie du Royaume-Uni, un pays d’Europe de l’Ouest (ou du Nord selon une autre conception), un pays qui a connu un siècle de domination sur le monde (1815-1914 : l’impérialisme britannique). Le Royaume-Uni qui est composé de quatre nations (Angleterre, Pays de Galles, Écosse soit la Grande-Bretagne ainsi que l’Irlande du Nord) et qui est le visage du Commonwealth (organisation intergouvernementale composée de 53 États, majoritairement tous anciens membres de l’Empire britannique). Alors oui, quand on pense a priori à « Royaume-Uni » sans la connaître, on pense au pouvoir, à l’argent et à la prospérité… mais ce n’est pas si doré, loin s’en faut.
Le fait qui a changé la perception du Royaume-Uni sur la scène internationale (ou du moins européenne) est sans aucun doute la sortie du film Moi, Daniel Blake, un film franco-britannique réalisé par Ken Loach, qui a obtenu la Palme d’or au Festival de Cannes 2016, ainsi que le César du meilleur film étranger. On y voit un homme de 59 ans et une mère de deux enfants, victimes du système social britannique. Un film touchant et réaliste qui montre la réalité cruelle d’une société imparfaite. Car en Grande-Bretagne, les failles de la politique sociale dans le secteur du logement sont nombreuses.
Qu’est-ce qu’un logement social ?
Un logement social est destiné aux personnes qui n’ont pas les moyens de se loger par le marché libre et donc se tournent vers l’État. Celui-ci leur propose un logement à un loyer relativement bas (par rapport au marché) en prenant en compte le revenu, la santé, le nombre d’enfants ; c’est-à-dire qu’il considère le degré d’urgence de la situation de ces personnes.
Quels sont les problèmes rencontrés ?
Tout d’abord, il y a un sérieux manque de logements sociaux surtout dans les grandes villes (Londres notamment) et à l’Est de l’Angleterre. Les logements sont rares et donc la liste d’attente est longue. Ce problème s’est amplifié à la suite de la politique de Margaret Thatcher, la première femme à diriger le Parti conservateur et la première femme Première ministre de 1979 à 1990. Margaret Thatcher a alors une politique prônant le dur labeur : celui qui travaille, aura. Elle ese contre toute intervention de l’État et contre la dépendance des citoyens envers celui-ci. Elle est pour laisser le marché dominer le secteur du logement social. C’est ainsi qu’en 1980 elle met en place la politique publique du « Right to Buy » qui permet aux locataires des logements sociaux d’acheter leur logement auprès des autorités locales, en bénéficiant d’une forte réduction. Cela a permis à beaucoup de personnes d’acquérir leur propre maison. Les locataires (souvent assez pauvres) étaient fiers. Margaret Thatcher aussi. Cependant, les autorités locales n’ont pas eu les moyens de racheter ou de bâtir d’autres maisons pour en faire des logements sociaux et remplacer celles qui ont été vendues. Il y a eu une diminution importante de ces logements (1 million de logements ont été vendus en dix ans en raison de cette politique) et les personnes dans le besoin ne purent plus être aidées. Ce ne fut en réalité que le commencement d’un désastre social…
Plus tard il y aura le Premier ministre Tony Blair (1997-2007), un politique du Labour Party (la gauche, contrairement à Thatcher qui était de droite). Grande surprise (pas vraiment en fait) : il continue ce qu’a instauré Thatcher. Il permet, par ses politiques aux Britanniques de contracter un prêt qui leur permettra d’acheter une seconde maison qui pourra être louée. Son idée était de relancer la location. Bonne idée, sauf que les banques ne regardèrent pas à qui elles concédèrent le prêt. Les personnes ne purent pas rembourser. Le marché s’effondra ce qui, sans doute pour de nombreux experts, a entraîné la crise des subprimes de 2008. Ce qu’il faut ajouter pour bien comprendre, c’est que les autorités locales n’auront même pas les moyens financiers (encore une fois) de racheter les maisons. Une vraie pagaille… : peu de logements sociaux et une longue liste d’attente pour les personnes qui en ont besoin.
Toutefois, il reste bien quelques logements sociaux. Hélas, leurs coûts d’entretiens sont élevés et les autorités ne disposent pas de budgets suffisants pour les entretenir ou les restaurer. De nombreux scandales éclatent : ainsi celui de la fameuse Grenfell Tower, une tour remplie de logements sociaux sur 24 étages qui prend feu le 14 juin 2017 et cause 71 morts et 8 disparus. Une terrible histoire qui a fait le tour du globe et qui n’est toujours pas judiciairement réglée. De nombreuses personnes attendent encore d’obtenir réparation. Or, certains locataires de la Tour avais émis des doutes quant à la sécurité des lieux et avaient prévenu sans être écoutés…
Les solutions sont plutôt claires pour les membres d’organisations luttant contre la politique du gouvernement et les réductions budgétaires : il faut construire plus, car de plus en plus de gens vivent dans des conditions qui s’aggravent, et le scandale de la Grenfell Tower n’en sera qu’un parmi des centaines. Il faut également commencer à écouter les locataires qui sont les premiers concernés, mettre plus de moyens avant que cela ne s’aggrave. Il faut également selon Natasha Elcock, présidente de Grenfell United, l’association de défense des victimes de la tour infernale, revoir le système du logement.
Les politiques des différents bords politiques ont échoué mais il est urgent de changer cela, car le phénomène s’amplifie. La crise est encore plus grave maintenant et les jeunes de moins de 30 ans retournent chez leurs parents ne trouvant pas de logement ou n’ayant pas assez d’argent pour en louer un. Il faut selon Polly Neate, PDG de Shelter, un organisme de lutte contre le mal-logement, des actions « audacieuses » car le coût sera bien plus important si le gouvernement n’agit pas maintenant.
Cassandra Hery Lagadec
Sources : [2 articles en anglais]
https://www.mirror.co.uk/money/council-renters-forced-report-housing-16494860 [la méfiance des locataires envers le gouvernement, gouvernement qui ne les écoutent pas].
https://www.theguardian.com/society/2019/feb/08/million-more-young-adults-live-parents-uk-housing [le problème du logement chez les jeunes qui n’en trouvent pas et les conséquences sur le moral, leur vie sentimentale ainsi que sur leurs parents].