Cinémas fermés les trois quarts de l’année, films et séries annulés ou reportés… L’année 2020 nous a laissé sur notre faim ! Cela fait maintenant plus de 145 jours que nous n’avons pas pu aller au cinéma, à cause de la pandémie. Terrible tragédie pour le monde de la culture et ses acteurs, mais aussi pour nous, spectateurs. Nous sommes privés de la magie d’une salle obscure, frustrés par tous ces films promis mais sans cesse repoussés.

Comment continuer de rêver par ces temps troublés ? En effet, quoi de mieux qu’un bon film, une bonne série pour s’évader le temps d’un instant ? Cependant, dans tous nos malheurs, il faut savoir relativiser et trouver du réconfort dans son quotidien. Pour ce qui est du cinéma, même si l’année 2020 n’a clairement pas été l’année rêvée, j’ai pu, comme vous, faire de belles découvertes, rattraper une partie de mon retard et cela grâce, en partie, aux plateformes de streaming.

Cependant, dépendre des plateformes est-elle une bonne chose ? Ces dernières nous poussent à la surconsommation, et moi le premier, j’ai envie de regarder de nombreux programmes sur Netflix. Or, parfois, à force de trop en regarder, j’ai l’impression de ne plus autant profiter… Une fois qu’un film est fini, je pense déjà à ce que je vais regarder le lendemain pour ne pas perdre le rythme des sorties. Mais une chose est sûre, le cinéma fait du bien ! Cet article va revenir sur quelques-uns de mes coups de cœur de cette étrange année 2020.

Une série inattendue : Le Jeu de la dame (Netflix)

Énorme succès Netflix et pourtant inattendu, Le Jeu de la dame fut un véritable coup de cœur dès les premiers épisodes.

Mini-série de 7 épisodes, l’histoire nous plonge en pleine guerre froide pour suivre le parcours extraordinaire de Beth Harmon, jeune prodige des échecs. De ses huit à ses vingt-deux ans, on la côtoie dans ses réussites comme dans ses difficultés.

Au premier abord, une série parlant des échecs peut décourager certains de se lancer dans l’aventure. Cependant, ne vous inquiétez pas, la série se concentre principalement sur la psychologie des personnages, sur la question du succès plutôt que sur les échecs eux-mêmes. Les sujets abordés et une intrigue bien ficelée nous tiennent en haleine de bout en bout.

Adaptée du roman de Walter Scott Tevis, la série de par son réalisme nous donne l’impression de regarder une histoire vraie. La reconstitution des années 60 est magistrale avec des décors et costumes à couper le souffle. Accompagnée d’une réalisation et d’une bande-son fantastique, la série semble déjà parfaite et pourtant, elle ne serait rien sans son actrice principale : Anya Taylor Joy. Incarnant à la perfection l’héroïne, il est impossible de ne pas être séduit. Éblouissante, mystérieuse, mais surtout complexe, on s’attache à ce personnage profondément humain. En effet, Beth Harmon, orpheline, doit affronter les difficultés de la vie, tout en gérant son succès. Personnage déterminé, mais tourmenté, elle doit également faire face aux addictions, va-t-elle réussir à atteindre le sommet ? Le reste du casting est lui aussi excellent, proposant des personnages attachants et complexes.

Série magnifique, sublimée par son actrice principale, elle nous propose une plongée inoubliable dans les années 60 et le monde des échecs. Émouvante et prenante, Le Jeu de la dame est l’une des plus belles séries qu’il m’a été donné de voir !

Un film vu au cinéma : L’Ombre de Staline

Ce film réalisé par Agnieszka Holland (peu connue en France) est basé sur l’histoire vraie de Gareth Jones, journaliste britannique qui, après avoir interviewé Hitler, veut s’entretenir avec Staline. Arrivé en URSS, il s’interroge sur la réalité qui entoure le miracle soviétique. À son arrivée, il découvre alors le vaste mensonge qui entoure la richesse du pays. La propagande et la censure sont omniprésentes, il est surveillé jour et nuit. Il va alors s’intéresser à l’Ukraine, « l’or de Staline ».

Le film retrace un événement de l’histoire qui m’était inconnu et je vous laisse le plaisir de le découvrir dans ce magistral long-métrage ! Après mon visionnage, j’ai voulu en apprendre plus sur la vie de Gareth Jones et ces informations complémentaires m’ont permis de mieux comprendre le film et sa fin. Pour en revenir à ce dernier, il réussit à nous captiver avec brio. L’histoire est prenante (d’autant plus qu’elle est vraie) bien qu’elle passe trop vite et m’a laissé un peu sur ma faim (le film dure pourtant deux heures). L’esthétique du film est très soignée, offrant des scènes magnifiques et réalistes. Le film réussit à nous plonger dans cette sombre période en nous montrant des images fortes, parfois glaçantes. Au final, c’est un film profondément humain et émouvant où on s’attache au héros, où on ressent sa peine, sa souffrance, sa colère… Le rôle est joué à la perfection par James Norton, le potentiel futur James Bond.

L’Ombre de Staline est un film historique, captivant et émouvant sur un personnage trop peu connu. On en ressort choqué, triste, mais aussi captivé et pris d’une envie d’en savoir plus sur cette période.

Un film rattrapé : Seven

Seven est est un film réalisé par David Fincher (Fight Club, The Social Network). Sorti en 1996, le film est devenu un classique des années 90.

Le film suit l’histoire de deux enquêteurs, l’inspecteur Somerset approchant de la retraite et le jeune inspecteur Mills. Ces derniers vont être amenés à collaborer afin de résoudre une série de meurtres et en trouver l’auteur. Ce dernier met en scène les sept péchés capitaux (colère, avarice, envie, orgueil, gourmandise, paresse et luxure) pour réaliser ses crimes. Son but est de nettoyer la société des maux qui la rongent.

Comment commencer la critique de ce film ? Tâche extrêmement difficile devant un tel chef-d’œuvre ! Ce film est un choc, une claque qui nous laisse KO. L’histoire nous plonge dans un univers sombre et angoissant, mais réaliste. Les images sont dures, parfois difficilement soutenables, mais la violence n’est pourtant que très peu montrée à l’écran…  L’horreur est surtout psychologique. Le réalisateur joue avec nos émotions pour mieux nous surprendre et nous perturber.

Grâce à une esthétique particulièrement travaillée, le film nous plonge sans difficultés dans ce monde à l’ambiance inquiétante. Il nous réserve de nombreuses surprises et nous prend à la gorge avec un suspens parfaitement maîtrisé. La tension du film déteint peu à peu sur nous, on sait que tout peut arriver… Le final est totalement inattendu, mais mémorable ! Le film questionne la noirceur de l’être humain et sa psychologie. Les acteurs principaux sont excellents. Morgan Freeman y tient selon moi l’un de ses meilleurs rôles avec un détective plein de sagesse, mais fatigué par toute cette société pleine de noirceur. Il forme le parfait duo avec un Brad Pitt incarnant un personnage idéaliste et énergique.

Tous ces éléments font de Seven un film incroyable, qui restera gravé dans notre mémoire,  mais destiné à un public averti.

Cette année 2021 commence de façon effrayante pour le monde du septième art. Les cinémas n’ont pas ré-ouverts, les catalogues des plateformes s’épuisent à cause du retard engendré par la pandémie. Il ne nous reste plus qu’à espérer une reprise du monde de la culture en milieu d’année pour de nouveau partir rêver et vivre des moments riches en émotions !

Julien CHARBONNIER