Des tensions au conflit, le cas tumultueux Arménie-Azerbaïdjan.

Le Haut-Karabagh, région séparatiste et revendiquée par l’Azerbaïdjan, est majoritairement peuplée d’Arméniens. Elle se situe dans la région du Caucase et est l’objet de nombreux conflits depuis ces trois dernières décennies.

Source de conflit depuis l’Antiquité, la région du Caucase, où se situe aujourd’hui l’Arménie et l’Azerbaïdjan, était un point stratégique car située à la croisée des chemins entre des empires ottoman, perse et russe. Cette région attire encore l’attention puisqu’elle est sous influence russe et turque.

Dès le XXe siècle les conflits s’accélèrent. Le génocide du peuple arménien de 1915 par les Turcs fracture les relations, créant des tensions entre les deux pays. La Turquie ne reconnaît toujours pas aujourd’hui ce génocide, pourtant déclaré comme un crime contre l’humanité par les puissances occidentales. En 1921, l’Union Soviétique de Mikhail Kalinine rattache le territoire du Haut-Karabagh, à l’Azerbaïdjan, contre le gré de l’Arménie, en récompense des ressources pétrolières fournies, provenant principalement de la ville de Bakou.
À cette époque, l’Arménie et l’Azerbaïdjan dépendaient du pouvoir central de L’Union soviétique et avaient donc peu d’importance géostratégique.

En 1991, avec l’effondrement du bloc soviétique, les deux anciennes républiques devinrent des États indépendants. L’Arménie, majoritairement catholique, constitue une barrière entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, majoritairement musulmane et qui souhaitent former une union. Le Haut-Karabagh, appartenant toujours à l’Azerbaïdjan, se proclame indépendant en 1991. L’Arménie la reconnaît comme république indépendante. L’Azerbaïdjan qui possède encore légalement le territoire du Haut-Karabagh, n’arrive plus à lui imposer sa souveraineté à cause de nombreuses révoltes. Les tensions demeurent de plus en plus fortes et ce n’est que 2 ans après, en 1993 que la guerre éclate entre l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabagh soutenu par l’Arménie. Cependant la Turquie, alliée de l’Azerbaïdjan instaure un blocus à la frontière arménienne, bloquant ainsi les liaisons avec l’Occident jusqu’à la fin de la guerre et un cessez-le-feu en 1994. Celui-ci ne permet toujours pas de déclarer l’indépendance du Haut-Karabagh. Néanmoins le conflit éclate à nouveau en 2016 faisant des centaines de morts mais un cessez-le-feu est rapidement déclaré, laissant les relations tendues.

L’Azerbaïdjan, enrichi grâce au pétrole, achète des armes à la Turquie, à la Russie et des drones à l’Israël. En septembre 2020, bien décidé à reprendre et occuper le Haut-Karabagh, l’Azerbaïdjan déclare la guerre contre l’Arménie. Cette dernière prévaut le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes tandis que les Azéris revendiquent le droit sur l’intégrité territoriale. La Turquie joue un rôle majeur dans ce conflit car, depuis les années 1980, elle recrute des mercenaires syriens pour le compte de l’Azerbaïdjan, dans le but d’instaurer un climat de tension dans le Caucase et ainsi provoquer l’Arménie.

Stratégies diplomatiques

Un accord de capitulation de l’Arménie fut signé le 9 novembre dernier. L’Azerbaïdjan récupère le Haut-Karabagh, et des forces de paix russes sont déployées pendant 5 ans dans la région.

Les troupes azerbaïdjanaises, mieux équipées, bloquèrent le corridor de Latchin, passage stratégique entre l’Arménie et le Haut-Karabagh. Ce corridor permettait de déployer des troupes arméniennes sur le territoire du Haut-Karabagh et d’évacuer les dizaines de millier de civils bombardés vers l’Arménie, aussi défendu par la Russie, soutenant l’Arménie en déployant des troupes sur la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Moscou s’est dite prête à intervenir si les troupes azerbaïdjanaises venaient à franchir cette frontière. Cependant le rôle de la Russie est paradoxal puisqu’elle vend des armes aux troupes arméniennes mais aussi aux troupes azerbaïdjanaises.

En cas d’escalade des tensions, l’Arménie pouvait compter sur l’aide des États-Unis, de la France ou encore du Royaume-Uni qui partagent les mêmes opinions publiques, à l’encontre de l’Azerbaïdjan qui a pris l’initiative des hostilités en bombardant des populations civiles, ce qui n’est pas du goût de ces pays occidentaux.

Néanmoins, l’Azerbaïdjan pourrait reprendre le territoire du Haut-Karabagh puisque, du point de vue du droit international, aucun pays ne reconnaît légalement l’indépendance de cette région. Mais cette reprise du territoire amènerait à une migration ethnique des populations arméniennes, présente depuis des décennies.

Indirectement, le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est une nouvelle fois un conflit entre la Turquie et la Russie après s’être affrontées en Libye et en Syrie.

Théo Gabard