[Reportage] La vérité sur le Grand Débat national (yonnais)

Entre révisions, sorties entre amis, vous n’avez pas eu le temps de participer au Grand Débat national ? Nous y sommes allées pour vous !

La quatrième et dernière édition du grand débat yonnais a eu lieu ce mercredi 6 mars de 19h à 21h30 au stade Henri-Desgranges, boulevard Réaumur. Une cinquantaine de personnes étaient présentes, c’est le débat qui a le plus mobilisé les habitants yonnais. Il s’est déroulé de la même manière que les trois versions précédentes : 30 minutes accordées pour chaque thème, qui nous le rappelons sont : la transition écologique, la fiscalité, la citoyenneté et la laïcité et les services publics. Ces thèmes ont été abordés dans cet ordre précis durant lequel le médiateur distribue la parole. Chaque citoyen avait alors 2 minutes pour s’exprimer sur chaque thématique.

Comment un Grand Débat se déroule-t-il ?
Quand nous avons décidé de participer au Grand Débat, nous avions chacune nos attentes et nos idées reçues. Nous nous attendions à un amphithéâtre nous accueillant avec des portes grandes ouvertes. Également, nous pensions à plus de signalisations pour indiquer le lieu du débat. En tous cas, là où nos attentes ont été conformes à la réalité, c’est sur la moyenne d’âge des participants : ils avaient en moyenne entre 55 et 60 ans. Sur le fond, nous imaginions que des propositions et des solutions seraient apportées par chaque citoyen.

En réalité, nous sommes arrivées à 18h55, soit 5 minutes avant le début du débat et nous avons trouvé les portes closes. Nous avons alors hésité à rentrer, puis nous nous sommes lancées et avons poussé la porte. Nous avons été accueillies par une personne qui nous a proposé d’émarger sur un registre. Nous avons alors remarqué un groupe de 6-7 gilets jaunes assis et quelques cinquantenaires et jeunes retraités. Puis à 19h09, le débat a commencé avec une prise de parole du médiateur afin de clarifier son rôle de bénévole, non-rémunéré et neutre dans le débat. Il a également expliqué les règles et l’ordre des thèmes abordés. Puis, le maire de La Roche-sur-Yon, Luc Bouard a rapidement pris la parole pour expliquer le principe du Grand débat. Le débat a pu débuter. Néanmoins, nous étions plus dans une exposition de faits, de constats, parfois d’expression de vie mais pas vraiment dans un débat autour de solutions proposées pour améliorer le quotidien.

De ce fait, le débat ressemblait plus à une plaidoirie. Toutefois, il y a eu quelques moments plus intenses qui ont réveillé le débat, notamment lorsque la liberté d’expression s’est confondue avec le respect de celle des autres. Difficile pour le médiateur présent de suspendre la parole d’un citoyen souhaitant s’exprimer au delà des 2 minutes réglementaires, fixées par la charte du Grand Débat alors que celui-ci défendait son droit à la liberté d’expression. Difficile aussi de cesser l’intervention d’une femme touchante qui dénonçait la vie des Hommes aujourd’hui. Mais pourtant, cela aurait été plus judicieux car ces personnes ont pris beaucoup de temps, ce qui empiétait sur le temps consacré à chacun des thèmes. En plus de cela, ils n’ont apporté aucune avancée concrète, si ce n’est celle d’alimenter la colère des autres participants au débat, qui ne pouvaient pas s’exprimer et apporter leurs solutions. En plus de la colère, ces interventions ont eu pour conséquence d’entrer dans un jeu enfantin qui n’a pas fait avancer le débat. Bref, pour ce débat, nous avons eu une réelle déception. En effet, nous n’avons pas mesuré la nécessité de ce débat, étant donné le peu de propositions évoquées et d’échanges par les citoyens. Cependant, les habitants de la ville étaient satisfaits de pouvoir s’exprimer et de participer à la vie démocratique, déterminés à l’idée de faire changer les choses.

Les dénonciations et les propositions yonnaises
Afin de comprendre le contenu de ces débats, nous avons retranscrit ce qui a été dit de manière claire pour avoir une vue d’ensemble. Une liste des informations a été dressée pour vous, en fonction des grands thèmes.
Nous allons vous exposer les dénonciations et les propositions faites par les personnes présentes lors du débat, sur chacun des quatre grands thèmes. Nous les aborderons dans l’ordre qui est respecté par chacun des débats : la transition écologique, la fiscalité, la citoyenneté et la laïcité, puis les

● La transition écologique
Les dénonciations :
– La taxe punitive sur les carburants
– Le gaspillage alimentaire
– Les véhicules électriques tout aussi polluants que les véhicules diesel ou essence
car leurs batteries sont non-recyclable. Les propositions :
– Faire une communication auprès des citoyens yonnais sur l’application anti-gaspi existante (To Good To Go) afin que des commerces aux alentours se mettent sur le chemin de cette application zéro gaspi
– La fin des enseignes publicitaires lumineuses des magasins la nuit
– Une éducation à l’éco-citoyenneté
– Mettre en place un plan de financement des banques pour financer la transition
écologique
– Valoriser les recherches et innovations des véhicules non-polluants notamment à
propos des hydrocarbures

● La fiscalité et les dépenses publics

Les dénonciations :
– La TVA pour tous
– L’impôt collectif même pour les non-imposables
– La suppression de l’ISF
Les propositions :
– Mettre en place un impôt sur la possession d’oeuvres d’art
– Remettre en place l’ISF

● La citoyenneté et la laïcité
Concernant, le débat sur la citoyenneté et la laïcité, d’autres sujets ont été mentionnés à plusieurs reprises, qui n’étaient pas en lien avec le thème donné, notamment les violences policières.
Les dénonciations :
– Un parlement élitiste
– Une prise en charge des frais des élus, des parlementaires et du président qui sont
une charge
– Une constitution de la Vème République qui doit évoluer et prendre en compte la
société d’aujourd’hui
– Un pouvoir triangulaire/pyramidale qui ne donne pas assez de pouvoir au peuple,
point de vue mises en évidence par les gilets jaunes
Les propositions :
– Comptabiliser le vote blanc
– Rendre le vote obligatoire, pour combattre l’abstention
– Mettre en place le RIC (Référendum d’initiative citoyenne) prenant en compte la répartition des catégories socio-professionnelles
– Mettre en place des réunions d’informations sur des sujets qui nous concernent tous (comme l’eau, l’électricité, etc.) pour pouvoir mieux comprendre les débats et inclure davantage les citoyens un peu trop passifs sur certains sujets par manque de connaissance.
– Un parlement représentant toutes les catégorie socio-professionnelles en fonction du pourcentage des CSP de la société française

● Les services publics et l’organisation de l’État
Les dénonciations :
– L’ENA
– Les fonctionnaires inutiles et des services publics trop chères
– Le pouvoir pyramidale pour favoriser un pouvoir diriger vers le peuple
– L’augmentation des taxes pour avoir de meilleurs services publics (entre gilets
jaunes et “citoyens non-gilets-jeunes”)
Les propositions :
– valoriser les services publics, qui sont une force pour la France, en leur attribuant
davantage de moyens
– Mettre en place des maisons de services dans les zones rurales pour aider, par
exemple à la transition numérique de l’administration française
– Remettre le maire et la commune au centre de la politique française
– Mettre en place un système d’évaluation des services publics
– Un contrôle du gouvernement par le peuple

Analyse au niveau de la communication et des médias
Lorsque nous sommes arrivées au Grand débat, nous avons tout de suite remarqué qu’il n’y avait aucune signalisation présente indiquant qu’un débat était organisé à cet endroit. De plus, le débat n’avait pas encore commencé que les portes de la salle étaient déjà fermées, ce qui ne donne pas envie d’y rentrer. Finalement, le manque de communication ne laissait pas penser que ce débat était donc “ouvert à tous”.
Après le Grand Débat, nous avons discuté avec le maire de la ville, Luc Bouard. Celui-ci nous a confié que lors de la première édition, de nombreux médias s’étaient déplacés au Grand Débat : Ouest France, TV Vendée, France Inter, France Info, France 3, RCF, Le Journal de la Vendée, Graffiti… Cependant, n’ayant pas été acceptés par les gilets jaunes, ces derniers ont dû partir. Lors des autres éditions, ils ne sont pas revenus donc aucun Grand Débat de La Roche-sur-Yon n’a été retranscrit. Ainsi, si les Yonnais ne se déplacent pas, ils ne sauront jamais ce qui s’est dit lors des différents rassemblements.
En ce qui concerne la communication autour du Grand Débat à La Roche-sur-Yon, le maire de la ville nous a expliqué que la communication autour de cet événement avait été déployée au travers de la radio, d’articles de presse ou encore d’encarts publicitaires. Communiquer au sein du petit journal Yonnais est pour lui un des moyens les plus efficaces puisqu’il permet d’obtenir une grande visibilité. De plus, au niveau national il n’y avait pas de règles instaurées par l’État, concernant les moyens de communication qui auraient dû être mis en place par les communes. Néanmoins, le maire a été convié à une réunion avec un des Ministres chargés du débat : Sébastien Lecornu, qui avait convié l’AMF (Association des Maires de France), pour parler de l’organisation du débat.
L’ordre établi lors de la réunion correspondait à celui du site du grand débat, c’est d’ailleurs le même que l’on perçoit souvent lorsqu’on lit les articles de la presse sur ce sujet, et le maire de La Roche-sur-Yon a décidé de suivre le même pour l’ensemble des éditions : transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la citoyenneté, l’organisation de l’État et des services publiques. On peut donc supposer que si les médias ont l’autorisation d’assister au Grand Débat, mais qu’ils ne restent qu’au début du débat en assistant seulement aux deux premiers thèmes “Transition écologique” et “Fiscalité et dépenses publiques”, il n’est pas étonnant que les sujets les plus abordés dans les médias soient ces derniers.

Awena Craignou, Lauriana Hok, Anaëlle Orveau,
Coline Nouteau et Anaïs Richard

2e année de DUT Info-Com