Interview de Nathan Ambrosioni, réalisateur et scénariste

Vous l’attendiez tous, et il est là, le 24e article de ce calendrier de l’Avent Hashtag ! Ouvrir la case du 24 décembre, c’est un peu LA madeleine de Proust de tout fervent admirateur de Noël ; une étape sacrée à passer avant de profiter pleinement du Réveillon et de ses fastes. La surprise que l’équipe Hashtag vous a réservé en ce 24 décembre va vous épater : une interview exclusive de Nathan Ambrosioni, réalisateur et scénariste de 19 ans qui ne cesse de nous surprendre de par sa maturité artistique et son talent. On a déjà pu le voir à l’occasion de la 9e édition du Festival International du Film de La Roche sur Yon (qui a eu lieu des 15 au 21 octobre derniers) où il a notamment gagné deux prix : le prix du Public et le prix Trajectoires BNP Paribas pour son film Les Drapeaux de Papier. Retour sur le parcours de ce jeunes prodige en quelques questions. Restez jusqu’au bout, on vous a réservé quelques questions bonus sur un thème un peu particulier (indice: ça a à faire à un certain monsieur au manteau rouge et à la barbe blanche; mais chut, on vous en dit pas plus !).

Lola :  Bonjour Nathan, ce n’est pas la première fois que l’on te voit ici sur Hashtag. Depuis La Roche sur Yon, as-tu été présenter ton film dans d’autres festivals ?

Nathan Ambrosioni : Oui,  c’est vraiment un super souvenir ce festival,  d’ailleurs ! On a présenté le film en Belgique pour le festival de Namur, en Espagne à la Mostra de Valencia, au Canada pour Cinemania et dans le sud de la France pour le ciné-festival. D’autres arriveront avec la sortie en France, j’ai hâte de présenter le film de nouveau.

L : A-t-il remporté un certain succès auprès du public et de la critique lors de ces présentation ?

N.A. : Pour l’instant,  on est très contents de l’accueil du film par le public. Les débats sont toujours intéressants, chaleureux et on a senti un intérêt jusqu’ici. C’est rassurant, on passe beaucoup de temps avec un film avant de le partager avec un public inconnu;  j’étais vraiment stressé, je pense que vous l’avez tous remarqué à la Roche sur Yon… Maintenant je suis soulagé, l’équipe aussi;  on l’aime ce film, on en est fiers et on a envie de le partager. Pour la critique on a seulement eu quelques retours pour l’instant, enthousiastes eux aussi pour la plupart, ça c’est encore un autre stress, on commence les projections presse tout juste, on verra !

L : Aurais-tu une anecdote de tournage particulière à nous partager ?

N.A. : J’adore cette question parce qu’on en a parlé avec Noémie Merlant (qui joue Charlie dans Les Drapeaux de Papier) récemment et on se rappelait le tournage. C’était génial,  mais on ne trouvait pas vraiment une anecdote qui sorte du lot. Tous les jours,  c’était un nouveau défi, de nouvelles scènes à tourner avec une équipe super. Mais là un truc me vient, un moment qui m’a marqué personnellement : c’était le 9ème jour de tournage, on tournait une grosse scène du film, pas facile, très technique et avec beaucoup d’émotions à jouer pour Guillaume (Gouix, qui joue Vincent, ndlr.) et Noémie. Une dispute entre eux pour ne pas trop en dire. Donc, on cherche la scène, on est tous d’accord pour dire qu’elle n’est pas facile et qu’il faut essayer une première prise pour se rendre compte de certaines choses. C’est parti, Action… Ils commencent à jouer, instinctivement, avec beaucoup de vie comme ils savent le faire tous les deux;  et là, Guillaume fait quelque chose qui nous surprend tous, il improvise un geste, très fort, et Noémie accepte la proposition et rebondit dessus naturellement. Ce moment entre eux, où ils étaient en larmes l’un et l’autre ça je peux le dire, je m’en souviendrai toujours, une bonne partie de l’équipe a pleuré aussi, j’en avais des frissons et à ce moment là je me suis rendu compte que ce serait vraiment un film sur eux, sur un frère et une sœur, sur deux acteurs que j’adore et qui ont donné énormément de choses à ce film. Là ça me donne encore la chair de poule d’y penser !

L : Comment as-tu choisi tes acteurs principaux pour Les Drapeaux de Papier ?

N.A. : Quand j’ai écrit le film je pensais à Noémie, je l’avais découverte dans l’un de ses premier premier rôle et elle m’avait bluffé. J’avais écrit un script pour elle, ce qui nous avait permis de nous rencontrer une première fois, un script pas abouti et j’ai finalement commencé à écrire Les drapeaux de papier pour elle aussi. Soulagement immense quand ça lui a plu ! Charlie c’était elle et personne d’autre pour moi. Pour Guillaume,  c’est un peu pareil, son agent a accepté de lui envoyer le script et trois jours plus tard Guillaume m’envoie un mail;  j’ai fait une réponse hyper contenue,  alors qu’au fond j’étais fou de joie. On s’est rencontrés et il a accepté. Vincent,  c’était lui, dans son humanité et dans sa tendresse. Ils m’ont fait un immense cadeau en acceptant le film tous les deux, je suis tellement fier et heureux d’avoir partagé cette aventure avec deux acteurs comme eux, deux humains comme eux.

Lors du Festival International du film de La Roche-sur-Yon

L : As-tu des projets futurs ? Seront-ils de la même veine que tes autres films ou changeront t-ils complètement de genre ?

N.A. : J’en ai plein, impossible de m’arrêter. Le prochain en particulier n’est pas vraiment dans la même veine. Je veux pas trop en parler parce que je pense qu’il faut d’abord travailler et se concentrer sur le film,  mais en tout cas j’ai hâte d’avancer dessus.

L : Pour réaliser tes films, quelles sont tes inspirations artistiques et cinématographiques ? Qu’est-ce qui te plaît chez ces artistes et cinéastes ?

N.A. : Beaucoup de cinéastes m’inspirent, je passe mon temps au cinéma : Jacques Audiard, Terrence Malick, Gus Van Sant, Xavier Dolan, Luca Guadagnino, Yorgos Lanthimos… Mes influences au cinéma sont principalement contemporaines. Après, pour la lumière et les cadres,  c’est également la photographie qui m’inspire beaucoup, j’adore le travail de Stephen Shore, de William Eggleston… Ma photographe préférée,  c’est Nan Goldin. Ses photos ont inspiré de nombreuses scènes du film, dans la forme comme dans le fond.

L : Un petit Top de tes films et séries préférés ?

N.A. : Oula,  je suis super nul à ce genre de truc.. Je regarde sur mon compte Allociné.

Je dirais : Black Swan de Darren Aronovsky, Mommy de Xavier Dolan, Paranoid Park de Gus Van Sant, Un Prophète de Jacques Audiard, Alabama Monroe de Felix Van Groeningen, Paris Texas de Wim Wenders, et tous les films de Miyazaki…

Je regarde pas beaucoup de séries mais j’ai adoré Sharp Objects parce que Jean-Marc Vallée est quand même très fort, et Stranger Things parce que c’est super cool.

© DR

L : Merci beaucoup pour tes réponses, à présents, deux petites questions bonus pour réveiller l’esprit de Noël qui est (sans doute) en toi:
– Un petit top 3 de tes films de Noël préférés, qui ont marqué ton enfance ?

N.A. : Haha,  déjà que pour la question d’avant,  c’était pas facile,  mais là.. Si alors,

Le Pôle Express de Robert Zemeckis, que j’ai du regarder 500 fois.

L’étrange Noël de monsieur Jack qui m’a terrifié mais que j’adore.

Gremlins de Joe Dante parce que tout le monde l’a vu

Et, le 4ème d’un top 3, The Children de Tom Shankland, parce que les films d’horreur qui se passent pendant noël, c’est le petit truc en plus qui fait la différence.

L : Un top des chansons de Noël que tu préfères ou bien qui te font vibrer ?

N.A. : Je n’ai jamais vraiment écouté de chansons de Noël, je me souviens juste des chansons pour enfant comme Petit Papa Noël, Douce Nuit, Petit Garçon d’Henri Dès que je chantais quand j’étais petit.

L : Merci mille fois Nathan d’avoir été le dénouement de ce Calendrier de l’Avent Hashtag, j’espère que tu passeras d’excellentes fêtes de fin d’année et on souhaite tous un bel avenir à ton film Les Drapeaux de Papier qui sortira dans les salles le 13 Février 2019,  ainsi qu’à tous tes autres projets futurs !

N.A. : Merci à vous! C’était super de répondre à vos questions et de parler du film avec toi, on se retrouve tous à la Roche sur Yon pour revenir présenter le film j’espère, et sinon une autre année pour le festival peut être ! Très bonnes fêtes à tous et à bientôt !

Propos recueillis par Lola Manin