Tim Burton sort prochainement « Dumbo ! » : portrait d’un univers singulier

À la fois scénariste, réalisateur et producteur, l’américain Tim Burton est devenu une icône du cinéma, en particulier fantastique. Sujet d’expositions et décoré de nombreuses fois, peu nombreux sont ceux qui ignorent encore son nom, avec un premier long-métrage en 1985 et un dernier remake de Disney, Dumbo !, annoncé pour 2019. De nombreuses influences du cinéma et de la littérature fantastique sont fréquemment présentes dans ses films. Bienvenue dans l’univers du maître de l’étrange au cinéma.

Il y a deux ans, en 2016, le célèbre Tim Burton signait une nouvelle adaptation d’un roman de Ransom Riggs, Miss Peregrine et les Enfants Particuliers. Un film donnant libre cours au développement de nombreux personnages chers au réalisateur de par leur spécificités : l’un est invisible, l’autre si légère que des chaussures de plomb l’empêchent de s’envoler… quand aux antagonistes, ils apparaissent sous la forme de géants filiformes dévoreurs d’yeux d’enfants ! « C’est ce que j’aime. Ce ne sont que des enfants et il se trouve qu’ils sont spéciaux, différents. Et ils ne sont pas acceptés pour cette raison. C’est une autre vision des super pouvoirs » déclare-t-il dans une interview. Il est vrai que si l’on replonge dans des souvenirs plus ou moins proches, une fascination du cinéaste pour les personnages en marge de la société est récurrente.

Déjà, en 1993, lorsque Tim Burton nous offre comme premier film d’animation le si reconnu L’Étrange Noël de monsieur Jack, on retrouve comme personnage principal un roi d’Halloween qui aimerait pourtant se reconvertir en Père Noël. Malheureusement, sa méconnaissance du monde de Noël va se retourner contre lui et va le pousser à se faire rejeter… Le film est produit par Disney, bien que monsieur Burton en fasse un univers bien plus sombre que ceux auxquels nous ont habitués les créateurs de Mickey. Encore aujourd’hui, L’Étrange Noël de monsieur Jack reste une création atypique des studios, et la « patte » de ce réalisateur est bien reconnaissable.

La collaboration entre Tim Burton et les studios Disney est à partir de ce film alors bien loin d’être terminée : en 2010, sort son plus grand succès commercial et un des succès commerciaux majeurs de l’histoire du cinéma : Alice au pays des merveilles, adaptation éponyme du roman classique de Lewis Carroll. On y retrouve notamment en tête d’affiche son acteur fétiche, Johnny Depp, et son ex-compagne, Helena Bonham Carter.

Le rôle principal du casting est attribué à Mia Wasikowska, une jeune actrice qui n’est à l’époque pas encore reconnue dans le monde du cinéma. Tim Burton dresse dans ce film son interprétation du pays des merveilles et de ses personnages, allant jusqu’à redessiner complètement la première version d’animation qu’avait proposée Disney en 1951. Cette version burtonienne, très bien accueillie par la critique, connaît alors une suite en 2016 : Alice de l’autre côté du miroir, où Tim Burton est cette fois-ci uniquement le producteur du film.

On peut aussi citer Frankenweenie, autre film d’animation de monsieur Burton sorti aux studios Disney en 2012, où il en profite pour en faire un immense hommage au chef-d’œuvre de Mary Shelley : Frankenstein. Non seulement la créature est représentée par le chien du personnage principal qui revient à la vie grâce à une expérience scientifique, mais on y retrouve également des loups-garous et des chauves-souris mutantes auxquelles les enfants devront échapper dans leurs péripéties.

« C’est une histoire assez autobiographique, puisqu’elle montre un enfant qui réalise des films en super-8 et vit dans un monde peuplé de créatures imaginaires » confiera-t-il au magazine Télérama. Une fois de plus, le style graphique de Tim Burton est identifiable : « Je ne suis pas très doué pour énoncer mes idées, ni pour révéler mes sentiments, et le dessin m’y a toujours aidé. Je m’en sers encore parfois, aujourd’hui, pour dialoguer avec mes collaborateurs, mais c’est surtout un processus qui me permet de m’exprimer spontanément, de laisser des images surgir de mon subconscient sans contrôle, sans savoir si elles finiront dans un film ou sur une serviette en papier. »

En bref, pour le réalisateur, collaborer avec les studios Disney est une mine d’or à explorer, et une occasion de ressortir des souvenirs d’enfance donnant à ses films une dimension parfois autobiographique qui nous laisse entrevoir l’enfant qu’il fut. Bientôt, en 2019, Tim Burton renouvellera son partenariat avec Disney en offrant au public un remake du célèbre Dumbo ! Comment choisira-t-il de nous représenter l’histoire du petit éléphanteau timide et rejeté car trop différent ? Nous le saurons bientôt…

Clara Montlouis