Elle me sourit.

Fière de son innocente bêtise. Fière d’avoir mis de la couleur sur son vêtement blanc.

Blanc. La couleur de la pureté, de la chasteté, de l’innocence.
Parce que voilà ce que l’on est lorsque nous sommes enfants. Nous avons tout à apprendre, tant à découvrir.

Nous portons peu d’importance aux choses. Comme à ce vêtement, par exemple, qui m’a coûté un bras. Mais le fait qu’elle l’ait tâché ne m’énerve pas.

Non. Au contraire, pour moi c’est un signe qu’elle veut redonner de la couleur à la vie. Cette vie si dure.

La réalité des choses qu’elle ne connait pas encore :  cette triste réalité, ces guerres qui n’en finissent pas, cette pauvreté irrésolue, ces maladies qui emportent avec elles chaque jour une personne de plus.

Qui sera la prochaine ? Moi, peut-être.

Ma fille, ma plus chère et tendre enfant, j’aimerais que tu ne grandisses jamais. J’aimerais que tu gardes ton âme de petite fille pour toujours, que la vie n’efface pas ton sourire, ce sourire que j’aime tant ; car l’innocence est la seule chose qui te protègera.

Lauriana Hok.