Observant les lignes enluminées et parallèles des immeubles avoisinants, je remarquais surtout les reflets projetés sur la table de ma terrasse,  embuée par la fraîcheur de cette nuit d’hiver. J’imaginais déjà mon cliché couleur Sépia, me faisant acquérir un peu de notoriété sur FlickR.

Mais finalement,  à quoi bon ?

J’avais l’impression de plagier Thibaud Poirier ou tous ces photographes urbains connus,  sans pouvoir pour autant copier leur vision du monde.

En effet, l’humanité était grande, des hommes avaient bâti ces bâtiments,  et d’autres les avaient soigneusement « réfléchis » sur de petites feuilles. D’autres encore décidaient d’y vivre, ceux-ci ne faisaient que s’ajouter à la cohue des rues. J’en faisais partie comme beaucoup trop de gens, et depuis beaucoup trop de temps.

C’est ainsi que je me réveillais cette nuit-là, à côté d’une de ces âmes que je ne connais pas, à côté d’une vie que je voulais changer, sur une terrasse qui n’était pas la mienne.

Pierre Le Boulicaut.