[#NOUS AVONS VU] Cesária Évora la diva aux pieds nus.

Source de l’image : Wikipédia.org

Une diva qui ne l’a pas toujours été…

Venez découvrir le documentaire sur Cesária Évora lors de la 14ème édition du Festival International du Film de la Roche-sur-Yon. Ce documentaire réalisé par Ana Sofia Fonseca retrace une grande partie de la vie de cette artiste Capverdienne mondialement connue. On y voit ses débuts tardifs dans le monde de la musique, la gloire de ses plus grandes années mais aussi son arrêt brutal.. 

De la pauvreté au succès 

Plongé dans son intimité, on apprend que Cesária Évora, surnommée Cize, vit dans une extrême pauvreté comme beaucoup de personnes du village de Sao Vicente au Cap-Vert. La maison dans laquelle elle réside avec sa mère et ses enfants compte de nombreux trous, que ce soit dans le plancher ou sur le toit. Malgré cette situation économique difficile, le documentaire présente une femme d’une extrême générosité. En effet, elle apporte son aide dès que l’occasion se présente. Elle rêve d’une seule chose : s’acheter une meilleure bâtisse afin d’offrir une vie plus décente à sa famille. On découvre aussi une femme forte qui se bat pour sa liberté et ses rêves. Chanteuse depuis toujours, ce n’est qu’à 50 ans qu’elle devient connue. 

Elle enchaîne les petits concerts dans des bars et se fait une place dans le monde de la musique. Celle que l’on surnomme la « Edith Piaf du Cap-Vert » et qui n’a pourtant jamais pris un seul cours de chant, a su conquérir le public avec sa voix et son caractère naturel. Ce succès lui a permis de rapidement remporter de l’argent et de vivre plus correctement. De plus, à son échelle, elle aide les personnes les plus nécessiteuses de son entourage.

Du succès à l’enfer

Alors que tout semble lui sourire, elle s’enferme chez elle du jour au lendemain et cesse par la même occasion de chanter. En raison de plusieurs facteurs, sa dépression dure près de dix ans. Le contexte politique a joué un rôle important. En effet, le Cap-Vert mène à cette époque une guerre pour son indépendance et de ne plus être sous l’emprise de l’empire colonial portugais. La guerre entraîne la fermeture de beaucoup de bars et de cafés, engendrant une baisse significative de ses revenus. Le 5 juillet 1975, le Cap-Vert obtient son indépendance. C’est également à ce moment que Cize, poussée par une amie, signe son grand retour avec un nouvel album. Peu à peu, elle gravit les échelons jusqu’à devenir une chanteuse connue dans le monde entier notamment grâce à sa chanson Sodade. Son talent lui permet de voyager : de Paris à Los Angeles en passant par Moscou et Montréal. Elle gagne suffisamment d’argent pour enfin réaliser son rêve : construire sa maison. 

Les années se succèdent et les albums également. Elle devient une star aux quatre coins du monde. Elle popularise le style de musique morna typique du Cap-Vert. Son succès est fulgurant mais néanmoins, peu de personnes savent qu’elle rencontre des problèmes avec l’alcool. En effet, pour surmonter sa timidité, elle se sent obligée de boire. Malheureusement, en dépassant une certaine une certaine quantité d’alcool, elle n’arrive plus à chanter correctement. Elle se retrouve donc dans un cercle vicieux puisqu’incapable de surmonter sa timidité. Elle fait une seconde dépression dont elle peine à se remettre. Dans le documentaire, sa fille explique que sa dépression lui a permis d’arrêter définitivement la consommation d’alcool. À son tour, Cesária réalise les conséquences d’une trop forte consommation d’alcool sur son corps. Quelques années plus tard, une nouvelle dépression survient. À la suite de cette dernière, elle a été diagnostiquée bipolaire, expliquant certains de ses comportements jugés étranges par ses proches. Ainsi, elle jongle entre des phases dépressives ; maniaques ; euphoriques. Malgré tout, elle refuse les traitements prescrits, contraignant sa famille à les dissimuler dans sa nourriture. Malgré ses difficultés de santé, elle continue d’exceller sur scène. En 2010, tout bascule puisqu’elle est victime d’une attaque cardiaque qui distend ses cordes vocales, l’empêchant de chanter correctement. Le coup ultime porté à sa carrière est sa seconde crise cardiaque car elle devient totalement inapte au chant : un vrai cauchemar pour cette artiste et pour son entourage conscient de son amour pour la musique. À ses yeux, sa vie est finie. Elle décide de ne pas suivre les indications des médecins et se laisse dépérir. Elle s’éteint le 17 novembre 2011 à l’âge de 70 ans suite à une insuffisance respiratoire qui lui est fatale. 

Source image : FIF85.com

Une oeuvre émouvante

Cesária Évora, la diva aux pieds nus est un documentaire extrêmement touchant et poignant. Comme écrit plus haut, le spectateur est réellement plongé dans l’intimité de l’artiste. On découvre ses réussites mais également ses échecs à travers sa vie, sa famille ainsi que l’environnement dans lequel elle a grandi. L’intégralité des images du documentaire sont des archives personnelles, il n’y a aucune reconstruction d’image ou de scène. Cette particularité est l’un des points essentiels du film, le rendant vraiment authentique et pertinent. L’intervention narrative de ses proches à certains passages permettent également de comprendre un peu mieux la vie de Cesária Évora, son état d’esprit.

Rendez-vous au cinéma Le Concorde ce dimanche 22 octobre à 16h45 pour découvrir le documentaire poignant et intime sur Cesária Évora.

 

Audrey Garreau