L’importance de l’utilisation du terme “humain” durant la scolarité

La prépondérance étouffante de l’Homme dans les manuels scolaires

Le constat n’aura échappé à aucun élève, du primaire à la faculté, les professeur.e.s et autres manuels évoquent les Hommes pour désigner l’humanité toute entière. Avec une précision essentielle, le mot “homme” doit être écrit avec un H majuscule. Toutefois cette exigence n’est pas toujours respectée, au risque de dénaturer complètement le sens que l’on avait l’intention de donner à la phrase ou l’expression en question.

On dissocierait par ce biais les deux significations de ce mot. En effet, le terme “homme” ferait partie des nombreux mots polysémiques  que compte la langue française. Il en est ainsi des mots “croissant” ou encore “face”. Ainsi, à l’instar de “croissant”, qui désigne tantôt un phénomène d’augmentation, tantôt une vienoiserie très appréciée des français, “homme” signifie soit un être humain masculin, soit un être humain indifféremment homme ou femme. Son sens dépendrait ainsi du contexte, ou bien encore de la présence d’une majuscule au début du mot. Il existe pourtant un mot pour désigner tous les êtres humains sans considération de leur genre, le mot “humain”.

Aussi apparaît-il légitime de s’interroger sur la non-utilisation de ce terme.

Les origines de l’ ”Homme” comme représentant universel de l’humanité

On comprend aisément qu’à l’aube de la démocratie française, en 1789, les femmes et les ficus étaient peu ou prou titulaires des mêmes droits. C’est alors tout naturellement que dans ce contexte, le texte fondamental de la Révolution française se soit borné aux droits du seul « Homme et du Citoyen », unique titulaire des droits énoncés dans la Déclaration du même nom.

Néanmoins, deux cent trente ans plus tard, la société a connu des évolutions notables, tout comme les droits des femmes, tendant à une égalité homme-femme en terme de droits humains. Aussi semblerait-il naturel qu’une évolution linguistique en découle également, afin de s’adapter à ces changements de société.

La nécessité d’un changement d’usage

Un mot peut sembler à priori anodin, et un changement d’usage de termes des plus futiles. Pourtant, une petite fille écoutant sa leçon d’Histoire, ne pourra que difficilement s’identifier aux “grands Hommes” qui ont fait l’Histoire de son pays. En philosophie, on lui parlera des sentiments des Hommes, qu’en sera-t-il des siens? En géographie, on lui apprendra à “nourrir les Hommes”, les femmes n’ont-elles donc pas besoin de manger pour vivre?

Ce qu’apprendront les petites filles françaises sur les bancs de l’école sera leur transparence dans la société dans laquelle elles évolueront. Elles seront reléguées au second plan, auront des postes de cadre, mais pas de présidente directrice générale par exemple.

Il est ainsi primordial que tous les élèves se sentent inclus dans leur scolarité, afin que tous se sentent sur un pied d’égalité vis-à-vis de leurs pairs, quel que soit leur genre. Les petites filles sauront que des femmes ont également façonné leur pays, pas seulement les “Hommes”. Elles intègreront qu’elles font partie d’un tout, l’humanité, et non pas qu’elles sont vouées à observer les hommes diriger le monde.

Comment faire évoluer la situation ?Deux enfants entrain d'écrire sur un cahier

Comme pour toute évolution sociétale, un effort conjoint des citoyen.ne.s et des pouvoirs publics est nécessaire.

Il s’agirait dans un premier temps que les enseignant.e.s opèrent d’eux-mêmes un changement de vocabulaire dans leurs cours, en remplaçant tout simplement le mot “Homme” par le mot “humain”.

Le gouvernement quant à lui devrait imposer dans les programmes scolaires l’usage du mot “humain”, et opérer ce remplacement dans tous les manuels scolaires nouvellement imprimés.

Il est de la responsabilité de chacun.e de sensibiliser son entourage, enseignant.e.s, parents, élèves, à ce changement linguistique. En tant qu’élève, on peut par exemple sensibiliser ses camarades ainsi que ses professeur.e.s, beaucoup se montrent ouverts et comprennent les motivations de ce changement.

Marie Rochet