[#NOUS AVONS VU] Cow, une fiction vachement dérangeante

Entre représentation du quotidien de la vache et captation de ses sentiments, Cow est un film poignant. Un point de vue original sur le traitement que l’homme inflige à l’animal.

Cow est l’histoire de deux vaches, dont nous suivons le quotidien. Le but d’Andréa Arnold est de représenter les conditions de vie de ces animaux que nous connaissons tous et que pourtant nous ne voyons presque jamais, passant simplement devant elles, en voiture ou encore en train. Le but est de montrer la réalité telle qu’elle est, sans fioriture, sans artifice. D’être au plus près de ces vaches et de comprendre ce qu’elles vivent. Car leurs conditions de vie sont loin d’être facile, elles tombent enceintes tellement souvent qu’elles ne connaissent que la maternité. Tout cela pour se voir arracher leurs veaux dans le but de produire le lait destiné à notre consommation.

Une œuvre de l’esprit…

Cow malgré son synopsis et l’usage de certains codes, va bien au-delà d’un documentaire, notamment de manière technique. Avec les prises de vue rapprochées (en gros plan et très gros plan) dénotant la volonté d’être au plus près des vaches. Ici la vache principale, Luma n’est plus un sujet comme dans un documentaire mais un personnage de fiction, que l’on se plait à suivre dans ses moindre faits et gestes. De plus, Andréa Arnold, connue pour son amour de la nature et des animaux, a voulu montrer à travers la caméra les sentiments de Luma. Car la Déclaration de Cambridge sur la conscience a prouvé scientifiquement que les animaux avaient des états de consciences semblables à ceux des humains. Elle a donc cherché à capter ses émotions sans pour autant les déformer. En effet elle souhaite observer les vaches dans leurs conditions de vies, animal à qui nous n’attribuons pas en premier lieu des émotions et qui pourtant en ressent : « Et donc, qu’en est-il des animaux que nous consommons ? Des vaches ? Je me suis demandé si nous pourrions voir tout cela en observant une vache assez longtemps. Je ne voulais pour autant pas chercher à être dans son esprit ou lui attribuer des émotions humaines. Je voulais étudier ses réactions, dans la réalité de son quotidien. Dans toute sa beauté, ses difficultés, sa brutalité. Regarder. Voir. La voir, elle ». Elle n’a pas cherché à faire de l’anthropomorphisme, mais simplement a recueillir le témoignage d’une vache, en filmant son vécu et ses sentiments à l’état brut.

… porteuse de valeurs

Bien qu’Andréa Arnold ne fasse pas de l’anthropomorphisme pur, les caractéristiques communes avec la vache nous interpellent sur nos actions. En clair, la vache ne nous reflète pas, mais nous fait réfléchir sur nous-mêmes et les conséquences de nos actes. L’histoires et les émotions des vaches qui sont palpables font écho en nous. La vache incarne donc quelque chose et devient un symbole, un message. En regardant une vie que l’on ne soupçonnait pas si rude, pas si cruelle et qui pourtant fait partie de notre quotidien rien qu’en achetant une brique de lait, ce film marque. Il interpelle, glace. Il nous pousse à regarder autour de nous, regarder la nature et les animaux dont nous faisons partie, à respecter et protéger.

Car l’humain est le plus cruel des animaux.

 

Cow sera à l’affiche ce vendredi 21 Octobre 2022 à 21h au Cinéma Le Concorde

Cloé MATOUT