[#NOUS AVONS VU] Entre passion et tumulte, Un couple loin d’être modèle

Entre correspondance épistolaire et tourments intérieurs de Sophia Tolstoï avec son mari, le célèbre Léon Tolstoï, écrivain de Guerre et Paix ou Anna Karénine, Le Couple surprend. Décrivant leur relation pour le moins complexe et faite de hauts et de bas.

Un Couple, ce film de 63 minutes est entièrement composé par le monologue de Sophia Tolstoï, interprétée par la talentueuse Nathalie Boutefeu. Dans Un Couple, on découvre une facette cachée de cette femme masquée par l’histoire qui aidait son mari dans l’ombre. Ecrivaine, correctrice et photographe, Sophia se décrit surtout comme une femme de famille, une épouse. Mère de 13 enfants dont elle s’occupait seule, et auquel Léon s’intéressait peu, cette femme au foyer s’est donnée corps et âme à son mariage qui durera 36 ans.

Sophia, un Couple Festival International du film de la Roche-sur-Yon

Un message universel

Ce film porte un message universel et pour cela le réalisateur Frederick Wiseman affirme de nombreux partis pris. Tout d’abord, de par le titre : Le Couple. Nous nous attendons à voir deux protagonistes, or, c’est un monologue : cela montre la volonté du réalisateur de mettre en lumière cette femme. En montrant ainsi Sophia seule parlant de sa vie, dans un jardin en bord de mer, on constate scéniquement sa solitude, faisant écho à ses paroles. En effet, elle raconte le tempérament colérique de son mari. Elle conte leur histoire d’amour, qu’ils entretiennent avec passion mais qui d’une seconde à l’autre s’éteint, retombe dans l’indifférence et le dédain. D’humeur changeante et irritable, Léon Tolstoï exerçait une emprise sur sa femme. Conscient de son pouvoir sur elle, de l’amour, de l’admiration et du respect qu’elle avait pour son travail, il l’a retenait également par la peur.

Cette histoire de couple, véhicule donc des messages universels sur les relations toxiques, les violences faites aux femmes ou encore la charge mentale. Le film dénonce la condition et la place des femmes inférieures à celles de leurs maris.

Le film est largement inspiré des mémoires de Sophia en plus des correspondances entre elle et son mari. Dans ses écrits, elle exprime à quel point elle sacrifiait sa vie pour celle de son mari. La vie d’un homme vaut-elle plus que celle d’une femme, même s’il est un éminent écrivain ? Cela me rappelle une phrase que j’ai beaucoup entendue : « Derrière chaque grand homme il y a une femme », « je me suis souvent demandé cette femme, a-t-elle besoin de quelqu’un ? ».

 

 

L’auteur dissociable de son œuvre ?

C’est toujours l’éternelle question lorsque l’on apprend qu’un auteur que l’on apprécie ou que l’on souhaite lire n’a pas des mœurs tout à fait honnêtes ou n’est pas en adéquation avec notre comportement, déontologie… Doit-on le boycotter ou en faire fi ? Cela fait-il de nous des complices de l’oppression et de la manipulation psychologique qu’a exercé Léon Tolstoï sur sa femme de lire ses œuvres ? Je vous laisse en juger.

Quoi qu’il en soit il est important de lire les œuvres de chaque auteur.rice en connaissance de cause et de contexte. Il ne faut pas lire dans l’ignorance, la lecture nous ouvre des portes : A nous de voir ce qui se cache derrière.

Cloé MATOUT