Le jeudi 1er octobre 2020, de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux ont dû remarquer une brusque évolution dans l’apparence de leur interface. En effet, les feeds d’actualité se sont mués en une mosaïque de photos de profil, de stories, de publications diverses teintées d’une couleur bleu turquoise. À l’origine de cette initiative: le député européen Raphaël Glucksmann.

Nombreux furent les anonymes et les personnalités publiques qui participèrent à la semaine de lutte et de sensibilisation, initiée par le député européen Raphaël Glucksmann, contre l’internement arbitraire des populations ouïghoures par le gouvernement chinois. Ainsi, les différents médias furent inondés par une image bleue, couleur du peuple ouïghour, accompagnée de la légende suivante:

“Des millions de musulmans ouïghours sont enfermés et torturés dans des camps de concentration en Chine. Non pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont. C’est le plus grand internement de masse du XXI siècle. Il faut y mettre fin. #FreeUyghurs”.(https://www.instagram.com/p/CFykeakgcun/)

Glucksmann fut à l’origine d’un véritable engouement sociétal en initiant le mouvement “une semaine pour réveiller le monde” et en mettant en place diverses actions de lutte. Au-delà du fait de colorer les réseaux sociaux d’une teinte bleutée le jour de la fête nationale chinoise, cette semaine avait pour objectif d’interpeller les esprits et d’alerter l’humanité sur “le plus grand internement de masse du XXIe siècle”.

Néanmoins, la mobilisation générale de nombreuses personnalités publiques et d’anonymes, soulève la question de leur véritable implication.

En effet, nombreux ont été les particuliers s’érigeant en véritables justiciers du peuple ouïghour, à travers la publication du fameux cliché monochrome. Cependant, les autres actions concrètes proposées par Raphaël Glucksmann, comme la distribution de tracts, le placardage d’affiches, l’envoi massif de mails  à l’ambassade chinoise… n’ont été que très peu mises en œuvre.

La problématique d’une implication politique concrète au sein de notre société moderne tend en effet à occuper une place grandissante. Il est aisé de se conformer au consensus politique général, prôné par la société et la bien-pensance. Cependant, lorsque qu’il est question de lutter afin de faire évoluer les problématiques dénoncées, l’action concrète est bien plus rare.

Certains évoqueront un engouement réel et fédérateur alors qu’il serait bien plus approprié de parler d’une hypocrisie virtuelle. L’indignement public est devenu règle et l’action réelle est, elle, devenue exception.

Il est donc essentiel de ne pas sombrer dans l’écueil de l’immobilisme et de l’offusquement stérile. Au contraire, nous nous devons de favoriser au quotidien des actions concrètes et non de nous contenter de simples constats hypocrites.

LEVY-SOUSSAN Elio