GianFranco Rosi, réalisateur italien, est connu pour ses documentaires centrés autour de portraits de personne sans histoire, tels que Boatman (1993) ou encore Afterwords (2001). Cette année, l’équipe programmatrice du Festival International du Film permet de (re)découvrir le long-métrage Below Sea Level.

2008. Il décide de réaliser un documentaire sur les « citoyens » de Slab City, située au sud de la Californie, à la frontière avec le Mexique. Sept portraits. Sept individus différents, mais qui partagent le même mode de vie. Sterling, « l’homme de l’eau », Mickaël le « chanteur », Kenneth le conducteur de bus, Lili la docteure, Carol la rescapée, Cindy, la coiffeuse transgenre, et Wayne l’alcoolique.

Tous se sont isolés du monde après avoir traversé des épreuves dramatiques. Carol a vu son fils mourir dans ses bras après que ce dernier s’est sacrifié pour protéger sa mère d’un tir de balle ; Mickaël a perdu sa fille dans un accident de voiture avec des amis ; SDF, Kenneth a été expulsé d’un parc. Il a alors décidé de se reclure dans cette « ville » perdue au milieu de désert.

Des destins qui se croisent. Mickaël et Carol se confient sur leur vie. Kenneth et Lili font un bout de chemin ensemble (avec quelques disputes de couple !). Carol se console dans les bras de Wayne.

Un long-métrage qui illustre parfaitement la marginalité. Une réflexion pleine de philosophie  qui remet en question notre façon de vivre et d’entrer dans des cases construites par la société. À plusieurs reprises, Mickaël fredonne une chanson qui, à mon sens, est symbolique de sa situation et de ceux qui vivent avec lui. Les paroles le sont tout autant :  » Nous vivons loin de tout / Sous le niveau de la mer ».

J’ai décidé d’aller voir ce documentaire car la réalité quotidienne de personnes exclues du monde m’intéressait beaucoup. Je n’ai pas été déçue, et même agréablement surprise. Ce documentaire m’a émue au travers de son authenticité, et m’a permis de remettre en question beaucoup de choses. Je pense notamment à l’économie mondiale, à la consommation de masse. Ces individus survivent (oui, on peut utiliser le verbe survivre) grâce au strict minimum qu’ils ont ou qu’ils peuvent acheter. Ils sont un modèle d’égalité. Ils ne cherchent pas à se créer des problèmes, ni à juger les vies de chacun. Et je trouve ça magnifique de penser ainsi.

En 2008, pour cette œuvre mémorable, GianFranco Rosi obtient les Prix Horizons et Doc/It à la Mostra de Venise. L’année suivante, il remporte également le Grand Prix du Cinéma du réel.

Camille Pacaud