[Critique théâtre] « Bérénice » de Célie Pauthe

Célie Pauthe nous plonge dans le récit de Bérénice de Racine, tragédie classique où l’auteur nous raconte l’amour impossible entre Bérénice et Titus.

À Rome, les lois empêchent Titus, empereur de Rome, d’épouser une femme étrangère. Pourtant Titus aime éperdument Bérénice, reine de Palestine et Bérénice aime Titus.

Titus se verra confronté à un choix douloureux, entre son amour pour Bérénice, ou répondre à son ambition d’empereur. Cependant, Titus se voit forcé de sacrifier son amour. N’ayant pas la force d’annoncer son choix à Bérénice, il charge Antiochus, roi de Comagène, de cette difficile mission. Racine fait aussi d’Antiochus un personnage central. Il aime secrètement Bérénice et finira par lui avouer tout en se faisant le porte-parole de Titus. Témoin de la tragédie, il en est également victime.

Bérénice, incarnée par Mélodie Richard est rayonnante et vibrante, avant qu’elle ne s’effondre, emportée par la souffrance lorsqu’elle apprend que son amour est impossible avec Titus. Sa présence sur scène contraste avec les autres personnages qui eux restent de marbre. Bérénice est un personnage bouleversant.

Par leur amour impossible les trois personnages vont se séparer. C’est un renoncement, une douleur que la metteuse en scène a mis au cœur du spectacle. C’est lors de la confrontation entre Titus et Bérénice que les réelles tensions et douleurs sont visibles sur scène.

Entre les actes, Célie Pauthe relie Bérénice à Césarée, un court-métrage de Marguerite Duras évoquant Bérénice et imaginant son retour sur les rives de la Méditerranée. Misent en parallèle ces deux œuvres se complètent. Les mots de Duras alternent alors avec les mots de Racine, donnant une autre dimension à la pièce.

Sur scène un immense rideau blanc, un canapé et une table basse prennent place, où le sable qui recouvre le plateau commence peu à peu à les grignoter. C’est un décor simple, émouvant, quoiqu’un peu austère.

Bérénice, est un récit émouvant face à un amour impossible, face à la douleur de l’adieu et de la séparation. C’est une tragédie d’une force exceptionnelle portée par les alexandrins de Racine et illuminée par le personnage de Bérénice, interprété avec beaucoup de sensibilité.

Jeanne Dugas

 

Ce spectacle est passé récemment au Grand R de La Roche-sur-Yon, retrouvez les dates de la tournée > ici.