La lutte contre les féminicides en 2019

L’année 2019 est marquée par de multiples combats ; la lutte contre les féminicides est l’un d’entre eux et n’est pas prête de s’arrêter puisque la France se compte toujours dans les pays les plus touchés par les meurtres de conjointes en Europe. Quelles sont les solutions ?

Les gilets jaunes ont débuté, dès octobre 2018, une violente phase de revendications auprès du gouvernement. Si, pendant plus de 6 mois, des appels à la manifestation ont été lancé sur les réseaux sociaux, ce n’est toutefois pas le seul mouvement notable de cette année. Qui n’a pas entendu parlé des nombreuses marches pour le climat, visant à alerter les dirigeants politiques sur le réchauffement climatique ? Qui n’a pas vu toutes les vidéos sur les appels de Greta Thunberg à la mobilisation en faveur du climat ? Après les manifestations historiques à la suite de la démission de Nicolas Hulot, un record a été établi avec près de 168 000 manifestants qui ont défilé dans plus de 200 villes de France, le vendredi 15 mars 2019. Ces combats sont toujours en mouvement, toujours non  satisfaits des réponses apportées par le gouvernement. Cependant, un des combats les plus durs, est celui mené par les associations féministes depuis le début de l’année pour amener le gouvernement à réagir sur la lutte contre le féminicide, terme toujours non reconnu, à ce jour, dans le code pénal français.

Parce que ces victimes ne sont pas des chiffres, mais des femmes, il sera question de noms, et non de statistiques. Parce que, comme trop souvent, les victimes ne sont pas prises en charge à temps. Parce que trop souvent, elles ne sont pas écoutées. Parce que trop souvent elles ne sont pas prises au sérieux. Parce que trop souvent, même avec l’intervention des forces de l’Ordre, les conjoints ; petits-amis ou amants restent en liberté.

Dalila, 51 ans, a été tuée par balle, le 6 avril 2019(1) Son mari, incarcéré une première fois en 2014 pour violences sur une précédente compagne, devait être jugé le 12 août par le tribunal correctionnel de nouveau pour des violences conjugales. Alors que celui-ci ne devait plus s’approcher de sa compagne en attente du procès, il avait toujours le droit de pénétrer dans le domicile familial pour raisons professionnelles (accès à l’ordinateur). C’est alors que le 6 avril 2019, dans l’après-midi, Dalila a appelé les gendarmes, depuis une maison voisine, car son mari l’avait menacée avec un couteau. Après une heure passée avec elle, ils la laissèrent repartir, seule, chercher des affaires dans son appartement pour se réfugier chez des proches. Lorsqu’ils la rappelèrent, elle a affirmé que son mari était chez elle avec une arme. À l’arrivée des forces de l’ordre, Dalila était déjà morte dans sa voiture.

Face à ces, trop nombreuses, morts, que peut-on dire ? Et surtout que doit-on faire ?

La France se classe deuxième pays avec le plus de féminicides en Europe, derrière l’Allemagne, et bien devant la Roumanie, l’Italie ou encore l’Espagne. Ce dernier pays, a pris, depuis le début des années 2000, le tournant d’une lutte contre les féminicides. Il est fréquemment cité comme modèle de lutte contre ce fléau, grâce à un système de bracelets anti-rapprochements, la « loi de protection intégrale contre les violences de genre »(2), en 2004, visant à couvrir tous les aspects du problème (social, éducatif, pénal), ou encore la création de tribunaux et de parquets spécialisés. Le suivi des policiers et des magistrats
a été renforcé pour inciter les femmes à déposer plainte.

Alors, si de telles dispositions existent, elles doivent logiquement pouvoir être appliquées en France et dans d’autres pays. Si ces mesures sont de réelles avancées pour la protection des femmes, il faut également prendre conscience de l’importance de l’information, de la communication et, surtout, de l’éducation. Car oui, encore aujourd’hui, tous les types de violences, psychologiques ou physiques, faites aux femmes, et aux hommes, par des conjoints ou conjointes, ne sont pas enseignées dès l’enfance. Aucune sensibilisation n’est effectuée : on apprend aux potentielles victimes (les femmes) comment faire pour éviter les attaques… mais on ne sensibilise pas les potentiels coupables (les hommes) à ne pas les commettre. Car oui, jour après jour, on apprend ces morts dans la presse ou sur les réseaux sociaux que lorsqu’il est déjà trop tard.

Et puis, que ce soit en France, en Espagne ou en Afrique du Sud : « S’attaquer aux féminicides n’est efficace que si on combat plus globalement toute forme de violence faites aux femmes. »(3).
Alors informez-vous, éduquez-vous et votre entourage, et surtout, portez secours à toute personne qui en a besoin, parce que le combat n’est pas fini, il vient juste de commencer.

Élena Garcia

Sources :
1 – LEROUX Luc, FOUCHER de Lorraine, « Dalila, 51 ans, tuée par son mari dans le Var malgré l’intervention des gendarmes », le 10/04/2019, Le Monde
2 – Afp, « L’Espagne, un modèle dans la lutte contre les féminicides », le 08/10/2019, La Croix
3 – MONIER-REYES Lucie, « Les féminicides sont-ils plus nombreux en France ? », 11/09/2019, TV5MONDE