Chronique Lambert Wilson 4/4 – « Des hommes et des dieux » : la foi qui déplace les montagnes

La foi ne fait pas le poids face aux armes ! C’est ce que nous montre Xavier Beauvois dans Des hommes et des dieux, un film qui met en avant sept moines Cisterciens en Algérie au début des années 1990, des conflits terroristes jusqu’à leur enlèvement, en 1996.

Frère Christian, interprété par Lambert Wilson, est le dirigeant de l’unique monastère situé dans la région de Tibhirine. Le monastère Notre-Dame de l’Atlas est ouvert à tous, tant la communauté musulmane que les chrétiens du village. Entre silence de prière et travail de la terre, les moines vaquent à leurs occupations, en harmonie avec les habitants. Austérité et simplicité sont de rigueur. Leur générosité n’a ni couleurs, ni religion, ni identité : le fruit de leur travail est dédié à l’achat de médicaments pour les habitants.

Mais le terrorisme se répand dans la région. Rester, partir, il va falloir choisir, et vite. Chacun remet en question sa foi, et son engagement auprès de Dieu et des habitants. Xavier Beauvois veut montrer que le pouvoir du chant lyrique, de la croyance et des convictions ont la capacité de guider des hommes sur des voies qu’ils n’auraient jamais pensé emprunter.

La raison et les conditions de leur enlèvement et de leur détention des moines auraient pu être le sujet principal du film. Mais Xavier Beauvois s’intéresse plus au contexte géopolitique de la région, aux divergences d’opinion, au débat interne à ce groupe de religieux. Y compris leurs prises de position par rapport aux terroristes, qui ne sont pas des inconnus mais bien des hommes, presque respectables. Une impartialité totale s’impose face aux pressions venant de l’Armée, du gouvernement, de l’Église, des terroristes et des habitants. Collaborer ou s’opposer ? Qui sont les alliés ?

Blandine Dumoulin et Léa Bragas