1215 : la « Magna Carta », grande charte… à la faible portée

Maxime Griveau a décidé de vous faire partager sa passion pour l’Histoire ; laquelle, on le sait, sert à relire et comprendre par delà les siècles notre actualité parfois brûlante. Il va donc désormais nous proposer chaque mois un article sur une date qui a marqué l’Histoire et nous dit : « Vous verrez vite que toutes ces dates ont quelque chose en commun. Bonne lecture … »

1215 : la « Magna Carta », grande charte… à la faible portée

Magna carta, ce nom vous dit quelque chose ? Mais si… Rappelez-vous ! Arrachée en 1215 à Jean sans Terre suite à une courte guerre civile, c’est l’un des textes fondateurs de plusieurs Constitutions.

Mais pourquoi ce nom ? Faites appel à votre mémoire (les cours de latin que votre maman vous a forcé à prendre seront utiles) Magna signifie grande (on retrouve d’ailleurs ce terme dans « Charlemagne ».) et Carta « charte ». Bon, mais qu’est-ce que cette grande charte à d’intéressant ?

Eh bien, elle est aujourd’hui considérée comme l’ancêtre de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme. Mais ce document n’a pas vraiment eu de succès à la date de son écriture. Après la révolte d’un groupe de barons anglais, le roi de l’époque, Jean sans Terre signe un accord pour faire taire la révolte. Mais cet accord ne reste en vigueur que 10 semaines, le temps pour Jean sans Terre de demander au pape de l’époque (Innocent III) de déclarer nul cet accord… De remporter une victoire sur les barons dissidents… et de mourir en ayant trop bien fêté cette victoire !

Pourquoi un document – en quelques mois d’existence – a-t-il tant marqué les esprits ?

Ce document est considéré comme un des premiers textes prônant l’égalité devant la Justice : « Aucun homme libre ne sera saisi, ni emprisonné ni dépossédé de ses biens, déclaré hors-la-loi, exilé ou exécuté, de quelque manière que ce soit. Nous ne le condamnerons pas non plus à l’emprisonnement sans un jugement légal de ses pairs, conforme aux lois du pays. […] À personne nous ne vendrons, ne refuserons ni ne retarderons les droits à la Justice. »

Pas mal, alors que, pendant ce temps en France, le servage est toujours établi ! Mais (désolé, j’aurais aimé finir cet article sur une jolie image de Justice et d’égalité) ce document n’est pas du tout destiné à la population modeste, il se réserve à une élite bien définie. Pas d’égalité de tous devant la Justice, donc. Il n’empêche qu’il est considéré comme l’inspirateur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU, et des constitutions Anglaises et Américaines.

« Grande Charte » donc, mais uniquement par la taille. La Magna Carta n’a malheureusement pas amélioré le vulgus des paysans Anglais de l’époque. Ce document a gardé une aura mystique, mais n’a pas eu de réelle incidence sur la vie de l’époque ; il a été (comme tant d’autres) instrumentalisé bien après son écriture.

 

Illustration : wikimedia commons.