[Critique ciné] « Portrait de la jeune fille en feu », un film tout feu tout femme

Dans Portrait de la jeune fille en feu, la réalisatrice Céline Sciamma fait le choix d’une distribution exclusivement féminine.

Au cœur du scénario, une histoire d’amour entre deux jeunes femmes. D’un côté, Héloïse (Adèle Haenel) qui, suite au décès de sa sœur, est forcée d’être mariée à un Milanais ce pourquoi elle refuse d’être peinte. De l’autre, Marianne (Noémie Merlant) qui est chargée, par la mère d’Héloïse de réaliser le portrait de la jeune femme sans que celle-ci ne le sache, en se faisant passer pour une dame de compagnie. Céline Sciamma, grâce à ce cast uniquement composé de femmes invite à une réflexion sur la place des femmes peintres au 18e siècle tout en faisant des échos féministes contemporains. La réalisatrice offre à voir des scènes où les femmes sont puissantes et inspirantes et notamment une scène où Héloïse et Marianne rejoignent un groupe de femmes pour chanter autour d’un feu. Une des rares séquences où l’on peut entendre de la musique, cette scène où se mêlent les voix féminines est intense et percutante. Cette très belle séquence s’ajoute à de très beaux plans sur l’émancipation des deux jeunes femmes, qui courent, rient, jouent aux cartes et lisent ensemble.

Céline Sciamma réussit également à nous transporter dans son histoire grâce à des costumes et des décors d’époque reconstruits avec brio. Ajoutés à cela, les plans minutieusement réfléchis par la réalisatrice ressemblent à de véritables tableaux. D’Héloïse, de dos, perdant son regard sur la mer, ou encore de Marianne, posant, le regard fixe. Mais surtout d’Héloïse, le regard transcendant, le bout de sa robe en feu, se retournant vers Marianne.

Un film visuellement magnifique qui redonne du pouvoir aux femmes !

Élise Gilbert