Conférence le 3 octobre : « Antisémitisme et conspirationnisme en France et en Vendée jusqu’à nos jours »

La crainte de la conspiration pendant la première guerre mondiale

Au début de la première guerre mondiale, l’État français comprend très vite que le moral des combattants mais aussi des personnes à l’arrière du front est primordial. Pour éviter que les journaux ne soient un facteur de démoralisation, l’État français décrète l’état de siège, ce qui lui permet de contrôler entièrement la presse. Cette mesure ne se limite pas à la presse, elle interdit aussi le colportage de fausses informations et met en place une ouverture systématique des lettres en provenance du front.
Dès le début de la guerre, le journal « La Vendée », qui est le journal le plus lu à l’époque, publie beaucoup d’articles directement émis par l’État, ils sont intitulés : « nouvelles officielles ». Le journal réduit d’ailleurs son format pour pallier le manque de liberté d’expression.
À cause de l’état de siège, une véritable « espionite » ou peur des espions apparait. Elle est telle qu’en 1914 le préfet de la Vendée ordonne la destruction de tous les panneaux publicitaires de la société « Maggi » (en anticipant une décision nationale) car lesdits panneaux sont accusés de servir de postes d’observation aux Allemands. Cette rumeur se répand dans la société, à tel point que « Maggi » est accusé de collaboration (notamment à cause de son nom à consonance allemande) et que ses laboratoires parisiens sont mis à sac dès le 5 aout 1914 par des habitants en colère.
Cette peur des espions créée un véritable climat de tension dans la population de l’époque, n’importe qui peut être suspecté puis arrêté par les autorités de l’époque. Il ne faut pas oublier que l’affaire Dreyfus date seulement de quelques années.
Parfaites coupables, les sociétés secrètes sont pointées du doigt par la presse. Selon la presse de l’époque, ces sociétés auraient une mainmise totale sur le pouvoir . Ainsi, le « Journal des Sables » (journal édité aux Sables d’Olonnes) écrit dans ses colonnes que les Francs-Maçons sont des « Dangers nationaux ». Ce quotidien explique dans un article que : « Par la Franc-Maçonnerie au pouvoir, le gouvernement allemand peut se trouver superposé au notre à notre insu » .

L’antisémitisme : mal ancien

Le 1er avril 313, Constantin empereur Romain promulgue un édit de tolérance envers la religion chrétienne, elle devient rapidement la religion majoritaire dans le bassin méditerranéen. Certains chrétiens considèrent dès lors que les juifs sont « déicides » à cause de leur contribution à la mort de Jésus. C’est la naissance de l’antijudaïsme, haine à caractère purement religieux contrairement à l’antisémitisme qui se définit par : « une discrimination à l’égard des juifs en tant que groupe ethnique, religieux ou racial » et date du XIXe siècle.
Au Moyen Age, certains métiers étant interdits aux chrétien, les juifs sont les seuls à exercer les professions liées à l’argent (commerce, banque). Ils sont donc tolérés . En France, Louis IX impose le port de la rouelle (signe distinctif), aux juifs. En 1295, le roi Philippe le Bel fait expulser les juifs de France pour renflouer ses caisses et faire annuler les dettes contractées. Ils seront rappelés quelques années plus tard pour être lourdement taxés afin de renflouer le trésor royal.
De plus quand des problèmes graves surviennent, les juifs en sont les boucs-émissaires. Par exemple, pendant la peste noire, les Juifs sont accusés « d’empoisonner les puits avec du venin de serpent, des crapauds, des hosties et des cœurs de chrétiens » . Un grand nombre seront brulés pendant l’épidémie.
Les persécutions ne prirent pas lieu qu’en France, en Espagne par exemple, Isabelle la Catholique fit expulser les juifs de son Royaume. 160 000 juifs furent ainsi chassés d’Espagne et une véritable haine des juifs naquit dans ce pays.
À chaque expulsion des juifs d’un pays, un ralentissement de l’économie s’ensuit, Siméon Luce, historien et archiviste du 19ème siècle, compare l’expulsion des juifs avec celle des protestants en 1685 (après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV) .

Les raisons de l’antisémitisme pendant l’histoire

Nous l’avons écrit plus haut, l’antisémitisme n’est pas un mal nouveau. Mais cette haine n’est pas due à un seul facteur, chaque haine des juifs à une raison différente.
La première d’entre-elle est une raison dite « d’unité nationale ». Elle trouve sa source aux débuts du 1er siècle après Jésus-Christ. Le tout nouvel empire romain à bien compris que pour administrer un si grand territoire il fallait que les citoyens (aux différences culturelles fortes) partagent une religion commune. Culte dont le point central serait l’adoration de l’empereur, descendant de dieu sur terre.
Une autre raison est celle évoquée plus haut, c’est la raison « religieuse », les juifs sont accusés de déicide par les chrétiens ou encore de rituels démoniaques. Mais derrière cette raison religieuse il y a, là encore, une raison d’unité de la population.
Pendant le Moyen Age, comme dit plus haut, les juifs pratiquent en grande partie des métiers d’usure (l’usure désignait à l’époque des prêts avec intérêts) qui sont interdits aux chrétiens. Pendant cette période les juifs sont lourdement taxés et bien souvent expulsés des royaumes pour faire annuler toutes les dettes contractées envers eux et leur voler leurs biens. La raison de l’antisémitisme au Moyen Age est donc économique.
Avec la révolution française, les juifs acquièrent enfin des droits semblables à ceux des chrétiens. Malheureusement, les contres révolutionnaires se servent « d’un complot juif et Franc-Maçon » pour justifier la révolution. Cette explication permet de considérer la révolution comme le choix d’une « élite cachée » plutôt que comme une révolte populaire. La raison de l’antisémitisme pendant cette période est donc politique.
Avec la Restauration, l’idée d’une nation « blanche, chrétienne et européenne » nait. Elle a pour objectif de rassembler les français et de créer une culture commune, à une époque ou les disparités régionales sont encore très fortes. L’antisémitisme à, encore une fois, une raison d’unité des peuples.
Pendant le 19ème siècle, l’antisémitisme à une raison politique, des écrivains comme Charles Mauras (qui sera repris sous le gouvernement de Vichy) écrivent que les crises financières qui secouent l’Europe sont dues aux juifs et aux Francs-Maçons. Cela permet de « rediriger » la haine de la population contre le système financier en une haine contre les juifs.
Chaque époque a donc vu une raison différente de persécution des juifs (même s’ils ont eu des périodes prospères, notamment pendant les règnes carolingiens).