Ce jour là, je m’étais rendu à la fac où j’étudiais le droit. Le campus était pratiquement désert. C’était les vacances de printemps et il n’y avait que les étudiants studieux qui étaient présents pour taffer de 8h à 18h. Il m’était impossible de travailler chez moi car j’avais surtout envie de profiter de ma « pause pédagogique » pour geeker comme un dingue sur l’ordinateur familial. Cependant, ma mère ne supportait pas de me voir passer ma journée à jouer alors que les partiels étaient dans moins d’une semaine. Pour ne pas me laisser tenter, j’allais donc travailler à la fac. Travailler c’est un bien grand mot puisque que je passais mon temps à jouer à des jeux flashs sur les ordinateurs de la bibliothèque universitaire. Je passais aussi beaucoup de temps à la cafétéria à me gaver de gâteaux et à boire des chocolats chauds. La fac avait une spécificité géographique : elle était accolée à un hôpital psychiatrique. La fac était donc entourée de grilles afin d’empêcher les malades de venir nous embêter. Les étudiants avaient accès à un petit parc à côté de la cafétéria. Je décidais d’aller boire mon chocolat chaud à l’extérieur pour profiter de la chaleur printanière. J’ouvre la porte équipée d’une barre antipanique qui se referme automatiquement derrière moi. Je bois mon chocolat. Il est 17h45 et je décide de retourner à la bibliothèque. C’est alors que j’ai remarqué que la porte ne s’ouvrait plus. Dans ce sens, elle était équipée d’une poignée classique. Me voilà donc dans un parc entouré de grilles de plusieurs mètres de haut et face à une porte fermée à clé… J’étais littéralement enfermé à l’extérieur. Évidemment, j’avais laissé mon téléphone portable à côté de mon sac dans la bibliothèque. Le bâtiment fermait dans 15 minutes. Grosse crise de panique. Je me suis mis à hurler mais personne ne répondait. J’étais seul. J’ai tenté de trouver une sortie et d’escalader mais c’était impossible… Au loin, j’ai vu une des secrétaires sortir pour rejoindre sa voiture qu’elle avait garé du côté de l’hôpital. J’ai hurlé en sa direction. Elle ne s’est pas retournée et elle a commencé à presser le pas. Elle a sans doute cru que c’était un malade qui s’adressait à elle. Elle est montée dans sa voiture. Je hurlais de plus en plus fort en sanglotant. Elle s’est retournée pour attacher sa ceinture et me voit en larmes en train de me cramponner aux barreaux. Elle est alors descendue et m’a demandé ce que je faisais ici. Elle est venue m’ouvrir. Quelle joie, je me voyais déjà passer la nuit dans ce parc minable.

Louis Lévêque