LA PERMACULTURE, L’ESPOIR AGRICOLE
Dans un contexte actuel où la préoccupation du changement climatique est au cœur des débats, la question de l’agriculture et de l’alimentation reste en suspens.
Et pourtant, les enjeux sont colossaux : l’agriculture nourrit aujourd’hui 7 milliards d’habitants. En 2050, il faudra en nourrir 10 milliards. Et le réchauffement climatique s’ajoute aux pressions qui pèsent sur les systèmes agricoles et alimentaires mondiaux…
Il faut également prendre en considération le fait qu’à l’échelle mondiale, l’agriculture est responsable de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre et est également la première consommatrice d’eau sur la planète. Mais elle est aussi l’un des principaux leviers pour lutter contre le réchauffement climatique en agissant comme une pompe à carbone.
Face à ces changements, afin d’assurer la sécurité alimentaire de tous, et notamment des populations les plus pauvres, l’agriculture va devoir s’adapter. Des solutions ont déjà émergé, telle la permaculture, mais sont encore peu développées. C’est un système conceptuel inspiré du fonctionnement de la nature, basé sur l’idée d’un cycle perpétuel.
En quoi la permaculture est-elle une solution pour lutter contre le réchauffement climatique ? Permet d’assurer la sécurité alimentaire des générations futures ?
La permaculture entre dans la dynamique du développement durable. Basée sur le principe des « microfermes », l’objectif de cette agriculture est de produire beaucoup sur une surface minimum. De plus, la permaculture n’utilisant pas ou peu de mécanisation, elle devient une source d’ emplois. Une surface d’un hectare, voire moins, permet de faire vivre un à deux agriculteurs, grâce à la vente de ses produits. Ce modèle économique est donc viable. Par exemple, la ferme normande du bec Helloin, pionnière de la permaculture en France, rapporte jusqu’à 55 000 €/ha/an dans une bonne année, un revenu 2 fois supérieur à celui d’une exploitation biologique. En effet, une microferme augmente sa productivité en concentrant différentes cultures sur un même espace. Elle peut également diversifier ses activités : maraîchage, verger, viande, apiculture…
Ce type d’agriculture permet un développement local et social puisqu’elle tisse des liens entre la terre et le citoyen, entre le paysan et le consommateur. Plus qu’un simple concept agricole, c’est une philosophie et un mode de vie : il s’agit d’être attentif à soi et aux autres.
Dans ce modèle agricole la biodiversité est protégée et valorisée. L’association judicieuse d’espèces vivantes permet à chacune de prospérer, l’assemblage de divers habitats créé un microclimat favorable. Cela permet donc de restaurer le paysage et ajoute une note d’esthétisme au jardin-potager.
Il faut savoir que depuis 40 ans, 30 % de nos terres arables ont été dégradées ; or , la permaculture peut être pratiquée sur des sols peu fertiles. Elle permet même de restaurer les sols. Ainsi on peut gagner 6 à 10 cm de sol en 1 an, grâce au paillage régulier.
Cette nouvelle vision de l’agriculture intègre les énergies renouvelables, un travail intelligent et raisonné, ainsi que l’absence de gaspillage, qui va se traduire par des cycles de matière comme le compostage par exemple, ou la diminution de la consommation en eau par le paillage. Les pesticides sont bannis, ce qui a un impact positif sur la santé des agriculteurs et consommateurs, sur le changement climatique ainsi que sur les sols.
La permaculture est bien une solution pour les problèmes d’alimentation et du réchauffement climatique. Ce nouveau modèle agricole est économiquement viable, favorise les liens sociaux et protège la biodiversité et les paysages. Mais ce nouveau système peine à être développé. Les blocages ? Une société consumériste et une mentalité à changer, une pédagogie à mettre en place, une politique environnementale à reprendre en main, une rupture avec le système agricole conventionnel à opérer… Qu’attendons-nous pour “changer”?
Mélodie BOURREAU
Sources : www.fermedubec.com, youtube ferme du BecHelloin, Demain de Cyril Dion