Suite de notre série d’articles sur l’environnement et la COP 24…

« Il était une fois une planète toute bleue,  qui quand on prend la peine de se pencher sur elle, verdit de timidité. Cette voyageuse de l’espace, embarquée à bord du système solaire, abrite une diversité d’êtres vivants incroyable. Elle l’a vu évoluer des millions d’années durant, décliner violemment, et, avec une immense lenteur, renaître à plusieurs reprises.

Aujourd’hui, elle observe impuissante cette richesse écologique s’effondrer de nouveau à un rythme inédit. Malade, son atmosphère s’enrichit dangereusement en CO2, O3, CH4. Fiévreux, ses océans se réchauffent, les courants changent, les eaux montent. Sa terre s’assèche, et perd ses plantes. Les champs trop utilisés, trop empoisonnés, rechignent à les laisser pousser. Des pluies torrentielles submergent les habitations, emportent les voitures.     

La Terre se défend, vaillante elle envoie les tornades, les typhons, les raz-de-marée, elle assoiffe les peuples, brûle les cultures. Ou bien est-elle trop malade ? »

Wikipedia commons

Cette « fable », bien que digne d’un conte enfantin, décrit la situation actuelle. Le changement climatique n’est plus une fiction, et s’il est clair que nous avons déjà « les deux pieds dedans », il est tout aussi certain que nous avons le pouvoir de « limiter les dégâts ». Selon l’ONU, l’humanité dispose encore de deux ans pour changer radicalement de mode de vie, sans quoi il lui sera impossible de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 C°.

Alors, oui, c’est court. Beaucoup de citoyens y croient encore, sans trop compter sur les COP qui défilent sans vraiment laisser de traces. Ainsi en est-il de la  COP 24 qui a eu le bon goût de se tenir à Katowice en Pologne, la capitale du charbon, et d’être financée par les lobbies de l’industrie fossile. Lorsque les représentants des pays côtoient continuellement les lobbyistes du charbon, il est difficile d’imaginer que cesse la stagnation actuelle des mesures, pour rendre les ambitions de l’accord de Paris réelles. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras, la résistance citoyenne s’organise !

En septembre, suite à la démission de Nicolas Hulot,  des citoyens de toute la France se réunissaient dans les rues pour réclamer une politique plus durable. Une initiative citoyenne et apolitique est née, « il est encore temps ! »,  portée sur les réseaux sociaux par des vidéastes tels que le Biais vert, Partagez c’est sympa, ou Cyril Dion,  lors de son lancement. Suivie par d’autres : Collectif citoyen pour le climat, On est prêt, je peux pas j’ai climat …

Un groupe Facebook a vu le jour, et réunit plus de 82 000 membres. Chacun est libre de s’y exprimer, les débats sont nombreux et constructifs. Les grandes décisions, comme la planification de nouvelles marches pour le climat, se règlent par vote public. Les délibérations citoyennes ont lieu sur Discord. S’y tient ces derniers jours, la deuxième Assemblée Citoyenne qui se prononcera sur les fondamentaux du mouvement. Parallèlement à cela, hors réseau, des groupes de travail et de réflexion ont pris forme dans les grandes villes, les citoyens s’organisent pour trouver des solutions d’avenir à leur échelle, sur leur territoire, et interpeler les élus.

Ces mouvements citoyens ne pourront pas avoir un impact aussi puissant que les industriels et reposent essentiellement sur l’écoute que réservent les élus à la population. Cette situation, pourtant cruciale pour le futur de l’humanité et de la vie en général, ressemble fort au combat de David contre Goliath. Si ce n’est que David est armé d’une pancarte et d’un portable, là où Goliath utilise les emplois, la croissance et la puissance économique des pays qu’il influence.

                                                                                                                                                       Lucie Malhaire