Négociations à la COP 24 : le Fonds vert pour le climat encore très loin des attentes…

Nous entamons ici une série d’articles sur la COP 24, qui vient de se tenir en Pologne. L’environnement, le modèle économique vertueux, voilà des sujets qui tiennent à coeur la rédaction d’Hashtag !

En 1992, l’ONU se munissait d’un programme pour faire à face au réchauffement climatique : la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques). Aujourd’hui, cet engagement réunit 197 pays, aussi qualifiés de « Parties », dont les représentants se concertent une fois par an depuis 1995 : date de la 1re COP (Conferences of the Parties) à Berlin. Ces réunions de grande ampleur permettent la mise en place d’accords mondiaux comme à l’occasion de la la 3e « COP » où le Protocole de Kyoto a été signé.

Le 14 décembre 2018, a pris fin à Katowice (Pologne) la 24e Conférence des Parties ou COP 24. Que faut-il en retenir ?

Dans les faits, les 190 états participants ainsi que des ONG et institutions devaient y finaliser l’élaboration de l’Accord de Paris. L’écriture de ce premier accord universel sur le climat, initié lors de la 21ème COP, a pour objectif de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 2°C,  voire de la limiter à 1,5°C d’ici 2100. Au cours de la COP 24, les participants ont été chargés d’adopter toutes les décisions garantissant la pleine application de l’Accord de Paris. En effet, les mesures issues de cet accord entreront en vigueur d’ici 2020.

Dans un premier temps, les États signataires sont tenus de faire un bilan sur ce qu’ils ont mis en place à l’échelle nationale depuis 2015. Ensuite ils doivent s’accorder sur leurs ambitions pour 2030,  voire même les renforcer. La COP 24 devait, en plus, parvenir à imposer le concept de transition juste et ainsi prendre en compte l’impact social de certaines mesures comme celle de la taxe carbone. Enfin, le dernier sujet au cœur des négociations concernait le déficit de financement climat entre les pays développés et les pays émergents.

La Banque mondiale consacrera 200 milliards de dollars en faveur du climat

Le réchauffement climatique coûte cher. Selon certains experts, pour parvenir à maintenir l’élévation de la température en dessous de 2°C, il faudrait mobiliser entre 700 et plus de 1000 milliards de dollars par an. En effet, les pays en développement, souvent les plus vulnérables, ont besoin de financement pour s’adapter aux conséquences du changement climatique. Prenons l’exemple des pluies torrentielles de la mousson en Asie du Sud-Est lors de l’été 2017 : 1200 morts en Inde, au Népal et au Bangladesh et 40 millions de personnes touchées. Ces pays manquent de moyens pour construire des digues, surélever des habitats ou mettre en place des systèmes d’alerte météo. C’est là que le Fonds vert pour le climat (FCV) intervient.

Ce mécanisme financier, officiellement lancé en 2011 lors de la COP17, a pour but de réussir à fournir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. Ces fonds, issus des pays les plus avancés, seront transférés vers les pays les plus vulnérables. Seulement, sept ans après, 56,7 milliards de dollars ont été récupérés sur les 700 milliards attendus. Néanmoins, il a fallu 5 ans pour que le FCV soit opérationnel mais cela n’explique pas tout. En effet, les Etats traînent à passer de la promesse à la réalité. La France, quant à elle, contribue à hauteur d’un milliard de dollars par an pour l’adaptation au dérèglement climatique dans les pays en développement. Mais est-ce suffisant ?

La Banque mondiale a annoncé qu’elle consacrera, en plus, 200 milliards de dollars sur cinq ans (2021-2025). La majeure partie de cet argent provient de financements directs et de fonds privés. Cela serait un premier soulagement pour les pays concernés car la directrice générale Kristina Georgieva a annoncé qu’au moins 50 milliards de dollars iront à « la construction d’habitations, d’écoles et d’infrastructures plus adaptées et à des investissements dans une agriculture à l’épreuve du climat, à une gestion durable des ressources en eau et à des filets sociaux adaptatifs ». En effet, nous pouvons nous appuyer sur l’exemple de la Chine où un surcoût de 7% lors de la construction d’un logement permet de réaliser 50% d’économie d’énergie. Au Vietnam, l’un des 20 pays du monde les plus exposés aux conséquences du dérèglement climatique, plusieurs villes telles que Cân Tho ou Da Nang ont mis en place des politiques permettant aux habitants de rendre leurs logements plus résistant aux intempéries.

Voilà quelles étaient les louables intentions de la COP 24… Dans les faits…

Léonore Marchais