Un mot, un texte… Une création d’étudiants.

Je parle à mon amie, elle ne semble pas remarquer ma présence. En lui secouant le bras de manière exaspérée, je la sors de son état second.

Je ne sais pas ce qui la tourmente autant pour ne m’accorder que si peu d’attention.

Les yeux fixés sur un point bien précis, celle-ci balbutie:

– J’ai un crush.

Un crush ? A mon tour, me voilà propulsée dans le monde obscur de la haute réflexion, laissant effrontément mon amie raconter son utopie dans le vent.

Crush ? Ce mot m’énerve. Les jeunes comme mon amie l’utilisent à tout va, sans même se rendre compte de la banalité qu’ils donnent à ce terme. C’est vrai, comme certains le disent si bien, avoir un « crush », c’est ressentir une certaine attirance pour quelqu’un et faire en sorte que lui aussi en ait pour nous. Quelques uns ressentent plus cette situation comme un jeu. Il y a ceux qui écoutent réellement leurs sentiments et les prennent au sérieux.. Puis, il y a moi, qui ne base pas mon existence sur la recherche de celui qui pourrait me plaire. J’apprends à m’aimer moi-même avant de m’intéresser à une éventuelle histoire d’amourette. Et finalement, à quoi cela sert-il les «crushs» puisqu’on ne peut pas idéalement parler d’amour?

– Tu ne m’écoutes pas ?

Je n’ai pas le temps de réagir avant que mon amie se lève et parte en furie. Loin de moi. A l’opposé de son crush.

Me retrouvant seule, je me décide aussi à plier les voiles, mais le «crush» de mon amie se trouve face à moi.

– Ça te dirait de sortir avec moi un de ces jours?

Nina Schiavone