Une petite pluie, si peu présente qu’on ne la sent plus, tellement omniprésente qu’elle en devient invisible. Des gouttes discrètes, qui tombent sans bruit, un nuage atterrissant au sol. Pourtant, si on tend l’oreille, perce alors à travers le silence, le bourdonnement continu de ces milliards d’abeilles du mauvais temps.
Ça srine.

Petite pluie fine, peignant le monde en nuances de gris, atténuant les couleurs sans en masquer les formes, une toile nostalgique, un poème de souvenirs.
Une pluie qui donne une impression de déjà vu et dont on ne se souvient pourtant jamais ; mouillant avec flegme ceux qui ont la curiosité de l’observer. Un événement climatique poli, qui prend son temps sans se faire remarquer.

Une pluie qui, chassant les oiseaux grelottants, laisse place aux voyageurs du monde gris. Escargots, limaces et vers de terre, traversent les étendues de goudron, d’île de gazon en île de gazon.

Tom Boisseau