L’accueil des étudiants étrangers, un enjeu économique [MAJ le 8 février 2019]
Cet article a été complété le 8 février à la suite de l’actualité polémique de son sujet par un communiqué diffusé par l’Université de Nantes. > Voir en fin de page
Les étudiants du supérieur sont de plus en plus nombreux à suivre une formation dans un pays étranger. La concurrence entre les pays d’accueil -principalement les pays de l’OCDE- s’intensifie. En effet, ce qu’on nomme la matière grise est recherchée puisqu’elle est un atout économique et stratégique pour le pays. C’est pourquoi, les pays développés renforcent leur politique d’attraction.
Ainsi, les pouvoirs publics ont plusieurs leviers d’actions : l’augmentation de la capacité d’accueil, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et la réduction des coûts de vie des étudiants.
• L’internationalisation de l’enseignement supérieur
En 2015, on estime que 4,6 millions étudiants internationaux sont en mobilité. Aujourd’hui, ils représentent 2,2 % du total des étudiants dans le monde. Cette population pourrait doubler et atteindre 9 millions en 2025.
Ces 2,2 % d’étudiants mobiles forment une élite que les pays influents cherchent à attirer. Le classement reste stable : les États-Unis sont toujours les leaders, suivis par le Royaume-Uni et l’Australie. La France, premier pays non anglophone, se maintient à la 4e place, devant l’Allemagne et la Russie. Tandis que l’Asie-Océanie est le principal pourvoyeur d’étudiants en mobilité : près d’un étudiant en mobilité sur deux est asiatique.
En raison de ce dynamisme, l’enseignement supérieur a dû s’expatrier et ouvrir des campus à l’étranger. En France, les grandes écoles et écoles de commerce sont principalement concernées. Mais, les universités publiques françaises se sont également lancées dans la course avec, par exemple, l’installation de l’université Paris-Sorbonne à Abou Dhabi.
• Les bénéfices multiples pour les pays d’accueil
Les pays renforcent leurs rayonnements internationaux. Une fois rentrés dans leur pays d’origine les étudiants deviennent des vecteurs de normes culturelles, économiques voire politiques du pays d’accueil. Mais si la grande majorité des étudiants retourne dans le pays d’origine, le pays qui a investi dans l’éducation va subir le phénomène de brain drain (fuite des cerveaux). En France, 40 % des étudiants étrangers restent pour y travailler. Les étudiants en mobilité internationale sont une source importante de main-d’œuvre qualifiée.
• L’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers : source de débat
Les pays qui défendent cette décision mettent en avant comme arguments :
• L’obtention des bourses et aides fournies par les pays de destination et les pays d’accueil
• L’effet de causalité inverse : c’est parce que ces pays attirent de nombreux étudiants étrangers qu’ils peuvent se permettre de fixer des droits d’inscription élevés.
• Leur image : cela refléterait un enseignement de qualité.
La réforme gouvernementale présentée par Édouard Philippe
Pour y parvenir un fonds de soutien « Bienvenue en France », doté de 10 millions d’euros, sera créé comme un label du même nom valorisant la qualité d’accueil.
Il annonce également que le nombre de bourses sera triplé : 15 000 bourses seront attribuées par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères (contre 7 000 actuellement) et 6 000 autres délivrées par les universités et les Grande écoles. Au total, un étudiant international sur quatre devrait bénéficier d’une exonération ou d’une bourse.
Cependant, nous pouvons nous demander si cette réforme ne nuirait pas à la diversité des étudiants (*) et également aux valeurs de l’Université (**).
Julie Boudaud
(*) 1ère note de la rédaction pour préciser les termes du débat (car une concertation est en cours) :
… c’est-à-dire qui ne favoriserait que les étudiants les plus riches, qui plus est dans leur pays, et entretiendrait donc la reproduction d’une toujours même élite, sans renouvellement des cerveaux par des apports d’étudiants d’origines sociales différentes.
(**) 2e note de la rédaction pour préciser les termes du débat (car une concertation est en cours) :
… Université, en France, de service public, jusque là attachée à donner l’accès à l’enseignement au plus grand nombre, sans sélection par l’argent.
> Lire les termes de la polémique et l’état d’avancement du dossier sur Capital.fr au 28 décembre 2018.
MISE À JOUR DU 8 FÉVRIER – Communiqué de l’Université de Nantes :
Des membres élus au Conseil d’Administration de l’Université de Nantes publient un communiqué suite à l’annulation de la séance du 8 février
Veuillez trouver ci-dessous un communiqué des administrateurs élus des listes U2020, UNSA, SNPTES, BOUGE TON CAMPUS avec InterAsso Nantes.
Une quarantaine d’étudiants s’est mobilisée ce matin afin de rencontrer les membres du Conseil d’Administration de l’Université au sujet du projet de décret concernant la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers extracommunautaires.
Les administrateurs n’ont pas pu accéder à la salle du Conseil. En effet, les bâtiments étaient bloqués, les collègues qui souhaitaient accéder à leur bureau ont été empêchés d’entrer.
Les administrateurs ont proposé aux étudiants mobilisés de les écouter sur le parvis de l’amphi Kerneïs. Ces derniers ont refusé la proposition et ils ont contraint le Conseil d’Administration à annuler la séance prévue.
Les administrateurs élus des listes U2020, UNSA, SNPTES, BOUGE TON CAMPUS avec InterAsso Nantes, déplorent le fait de ne pas avoir pu débattre sur le projet de motion portée par le Président en faveur de l’accueil de tous les étudiants extracommunautaires.
ADOU Caroline, Etudiante, élue BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
BEDOUT Nolwenn, Etudiant, élu BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
BERNAULT Carine, Enseignant-chercheur, élue U2020
BOUSQUET, Emmanuelle, Enseignant-chercheur, élue U2020
BROCHARD Cyrille, BIATSS, élu SNPTES
BRUNAT Stéphane, BIATSS, élu U2020
BUTROT Hortense, Etudiante, élue BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
CHENE Emmanuel, Enseignant-chercheur, élu U2020
CHOQUET Carl, Etudiant, élu BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
DRONNEAU Céline, BIATSS, élue UNSA Education
FLEURY-BAHI Ghozlane, Enseignant-chercheur, élue U2020
GRASSET Olivier, Enseignant-chercheur, élu U2020
GUEVEL Arnaud, Enseignant-chercheur, élu U2020
HAROUET BRANCHEREAU Sidonie, Etudiante, élue BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
HUGEDÉ Etienne, Etudiant, élu BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
JAOUEN Pascal, Enseignant-chercheur, élu U2020
JOLLIET Pascale Enseignant-chercheur, élue U2020
KERBART Julie, Etudiante, élue BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
LABOUX Olivier, Enseignant-chercheur, élu U2020
LUPI Cyril, Enseignant-chercheur, élu U2020
MORERE Julie, Enseignant-chercheur, élue U2020
POUPLIN Mélaine, Etudiante, élue BOUGE TON CAMPUS InterAsso Nantes
TONNERRE Clotilde, BIATSS, élu U2020
TRICHET Valérie, Enseignant-chercheur, élue U2020
PROJET DE MOTION
Le Conseil d’administration de l’Université de Nantes, sur proposition du Président, a pris position le 14 décembre 2018 en défaveur de la mesure annoncée par le gouvernement en novembre dans le cadre du plan « Bienvenue en France », et prévoyant l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants hors Union Européenne. Les membres du Conseil d’administration ont demandé que « cette mesure soit reconsidérée dans le respect du principe d’égalité de traitement entre usagers du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche ». A cette occasion, une première disposition a été votée au cas où un décret serait publié : « les étudiants étrangers concernés au sein de notre établissement et qui changeront de cycle se verront exonérés des droits différenciés. Un étudiant étranger qui a donc engagé ses études dans notre établissement se verra dès lors appliquer les mêmes droits que les étudiants nationaux, quel que soit le niveau de diplôme dans lequel il souhaite s’inscrire. »
Le Conseil d’administration, sur proposition du Président, réaffirme son souhait de voir le gouvernement suspendre la mesure annoncée. De plus, il prend une disposition qui renforce et complète celle qui a été votée le 14 décembre puisqu’elle s’adresse à l’ensemble des étudiants extracommunautaires (déjà inscrits ou néo-entrants) : l’Université de Nantes utilisera tous les dispositifs réglementaires afin d’exonérer des droits différenciés tous les étudiants extracommunautaires et leur permettre ainsi de bénéficier du régime tarifaire appliqué aux étudiants européens.