Qu’auriez-vous fait à sa place?
Nos germanistes de la promo 2023-2024 se sont plongés dans l’histoire passionnante d’une jeune berlinoise qui devait trahir pour survivre. C’est au cinéma Le Roc que les étudiants se sont intéressés à Stella et à sa vie d’allemande.
Tous les ans, la commune de la Ferrière, située en Vendée, organise le festival du Printemps du cinéma allemand.
Durant deux semaines, le cinéma Le Roc a proposé en tête d’affiche des films allemands : le 7e art germanique a beaucoup évolué, et diffuse aujourd’hui un large panel de genres. Pendant le festival, de l’historique au fantastique, toutes les envies ont été contentées. De quoi donner le sourire aux adeptes du cinéma.
Les étudiants germanistes du BUT Information et Communication de la Roche-Sur-Yon ont eu l’honneur d’assister à la séance du mercredi 22 mars avec la projection du film Stella, une vie d’allemande.
Ce film est une biographie de Stella Goldschlag, une jeune femme juive qui grandit à Berlin sous le régime nazi. Celle-ci a pour rêve de devenir chanteuse de jazz mais elle est contrainte de se cacher avec ses parents à cause des mesures répressives de 1944. Stella et sa famille vont voir leurs vies se transformer, remplies de tragédies. Afin de survivre et sauver sa famille, la jeune femme va devoir prendre des décisions drastiques et collaborer avec la Gestapo en traquant et dénonçant les derniers Juifs berlinois qui ont échappé à la déportation.
Le film se déroule en deux temps. Un premier temps presque féérique : le temps des amours, du jazz et de la joie. Les décors sont alors remplis d’une palette de couleurs lumineuses : de quoi nous plonger dans un environnement agréable et de donner l’illusion que l’antisémitisme n’existe pas en cette période d’avant-guerre.
Malheureusement pour nous, les spectateurs, cette harmonie est de courte durée.
L’ambiance se refroidit, jusqu’à glacer le sang de l’assistance. Très rapidement, le film nous transporte dans un univers beaucoup moins folklorique. Belle représentation de la réalité et de la brutalité de ce changement de vie que les allemands ont vécu. Les plans lumineux et le ciel bleu disparaissent pour nous sortir de la zone tranquille et confortable évoquée plutôt. De plus en plus de plans représentant la folie de l’époque apparaissent, les images réalistes et le scénario brutal laissent un goût amer.
La distribution est de qualité, les acteurs sont justes : Paula Beer, alias Stella, est déjà connue pour de nombreux rôles de films allemands comme Ondine, le Ciel Rouge et Transit ou encore Franz . Elle participe fortement au réalisme du film : son jeu d’acteur se prête parfaitement à l’histoire et à l’atmosphère. Plongée dans une palette de couleurs sombres, Paula Beer interprète à merveille la jeune fille contrainte, malheureuse et emplie de mélancolie.
Malgré la beauté du film, certains points semblent irréalistes : certaines scènes sont romancées et font perdre au film son aspect historique, et créent un malaise parmi les spectateurs. Peut-être est-ce un choix du réalisateur, dans le but d’adoucir la réalité historique à certains moments pour contrebalancer la réalité sordide décrite ?
Finalement, ce film nous permet de nous remettre en question : le “moi si j’étais à sa place” devient facile lorsque l’on est confortablement installé dans son fauteuil rouge. Il est très facile de juger Stella pour sa trahison envers les juifs.
Ce film, très représentatif de l’œuvre cinématographique allemande, nous met face à la violence qui régnait sous le régime nazi : les conditions de vie terribles et la souffrance que les juifs ont subies.
Stella, une vie d’allemande n’est pas un film doux, il ne berce pas le spectateur d’images douces. Il a le but très précis de faire comprendre, de montrer la réalité glaçante.
Une trahison pour une raison de survie dans une triste époque. Finalement, Stella n’avait pas d’autre solution : elle devait trahir pour survivre dans cette triste époque.