En 2021, Jakuta Alikavazovic reçoit le prix Médicis pour son essai Comme un ciel en nous. Dans ce livre, elle raconte sa nuit passée au Louvre. Pour sa venue du 14 au 20 novembre, nous, les étudiant·e·s du projet SAE Maison Gueffier, avons prévu de nous inspirer de l’œuvre de cette autrice pour mener des entretiens autour du souvenir.

Tout au long du livre, l’autrice partage avec nous l’admiration qu’elle a pour ce musée. Il faut rappeler que la collection “Ma nuit au musée” offre la possibilité aux écrivain·e·s de passer une nuit entière dans un musée. Ils/elles se retrouvent seul·e·s, dans un espace habituellement dense, et peuvent admirer des œuvres tout le long de la nuit. Cette collection donne la possibilité à de grand·e·s auteur·trice·s de parler de leur lien intime avec ce lieu. Pour Comme un ciel en nous, Jakuta Alikavazovic parle notamment de l’expérience de se retrouver seule. Ce qui nous touche, c’est que l’on ressent, en tant que lecteur ou lectrice, à la fois l’enfant en elle qui s’amuse dans cet espace mais aussi l’amatrice d’art. Elle y parle de sa joie de se retrouver dans ce lieu, seule et tranquille, mais elle décrit aussi les créations artistiques qu’elle observe.

On voit qu’elle maîtrise des connaissances plastiques, artistiques et que c’est un véritable honneur pour elle de se retrouver là.

Une des grande qualité du roman est sa construction chronologique. Le récit commence alors que l’autrice se prépare pour cette nuit. On suit son trajet en métro, son accueil par l’équipe, puis ses promenades dans l’enceinte du musée. On comprend ce qu’elle ressent. Le risque de ce genre d’expérience est que l’on se sente extérieur·e à ses sentiments. Ce n’est pas du tout le cas. À chaque ligne, on veut continuer à suivre ses divagations, ses pensées.

À la fin nous avons l’envie, comme elle, de nous retrouver seul.e avec nos pensées, en train de se promener au Louvre dans l’obscurité.

Une autre personnalité se retrouve dans les pensées de l’autrice. C’est son père. Elle ravive sa mémoire à travers de nombreux flashbacks, ce qui déconstruit alors le récit linéaire. Lors de son enfance, son père, d’origine monténégrine, l’emmenait régulièrement au Louvre. Il le voyait comme le centre du monde. Passionné d’art, il lui a transmis sa passion de l’art et du musée.

Une question retient notamment notre intérêt. Une question que lui a posée son père et qui l’a marquée à vie : “Et toi ? Comment t’y prendrais-tu pour voler la Joconde ?”. Ça fait partie des souvenirs essentiels avec son père. Cependant, cette phrase, comme d’autres souvenirs avec lui, montre des sentiments contrastés dans cette relation. On sent qu’elle a du mal à poser des mots et tout de suite, cela nous touche. La relation qu’elle avait avec son père n’a rien d’idyllique, elle reste franche. Elle reste attachée à sa figure paternelle tout en montrant que c’était des sentiments ambivalents qui l’habitait. Elle connaît ses défauts mais elle ne peut pas l’effacer de ses pensées. Même si elle stylise son souvenir avec son écriture si particulière, elle se remémore sans cacher la réalité. En tant que lecteur ou lectrice, nous sommes analystes de sa psyché. Nous avons alors de la compassion. Comme il a été précisé avant, nous aurions pu nous sentir extérieur·e à ce qu’elle raconte mais comme elle partage avec nous son intimité, nous sommes tout de suite pris dans l’histoire.

Elle semble nous dévoiler sa relation avec son père comme si nous étions ses confident.e.s. Elle rend alors le récit universel et nous plonge dans un récit qui mêle l’art et l’intime, le grandiose et le personnel. Le livre nous invite à réfléchir à nos relations familiales, et plus précisément avec notre père.

C’est sur ce postulat que nous vous proposons de partager un souvenir important avec votre père :

Suite à ce livre qui nous a séduit et qui, nous l’espérons, vous séduira aussi, nous voulons vous laisser vous exprimer sur ce sujet. Nous serons ravi·e·s, en fonction de vos disponibilités, de vous entendre sur ce souvenir. Cet entretien sera sous forme de podcast et les souvenirs peuvent être heureux, tristes, mélancoliques, ambivalents…. Nous vous laissons le choix ! Nous avons un Google form si vous souhaitez participer à ces entretiens.

Comme un ciel en nous

Comme un ciel en nous | Edition Stock | Collection : Ma Nuit Au Musée | Paru le 01/09/2021 | Prix Médicis Essai 2021 | 150 pages | Format : 185 x 122 mm | Prix : 18.00 € | ISBN : 2234088844

Vous le retrouverez ici :

https://docs.google.com/forms/d/1coy005D15rzz3yWb6WaiwarBmTv-9fq1pqXQXTqk5Wg/edit?chromeless=1#responses

Vous pouvez nous contacter par mail à l’adresse : polelitteraturegrandr@gmail.com.

Nous serons ravi·e·s de répondre à toutes vos questions.

Pour finir, une lecture musicale de Comme un ciel en nous est organisée au théâtre du Grand R le vendredi 18 novembre à 19h. Jakuta Alikavazovic sera en présence de la pianiste Trami Nguyen.

Retrouvez le lien juste ici : https://www.legrandr.com/saisons/22-23/comme-un-ciel-en-nous/

Crédit photo : Maia Flore

Mathurin Frenove, membre du projet Pôle littérature du Grand R/Maison Gueffier