[#NOUS AVONS VU] Suprêmes, un film engagé
Jeudi 14 octobre à 21h avait lieu la seconde diffusion du film Supêmes, au Festival International du Film de la Roche sur yon suivie par une rencontre avec la réalisatrice et les acteurs principaux.
Retour sur les motivations qui ont poussé Audrey Estrougo à produire cette biographie.
Suprêmes est un film retraçant les débuts du groupe de rap Suprême NTM, composé de JoeyStarr (Didier Morville) et de Kool Shen (Bruno Lopes). Les sujets abordés dans leurs productions se rapportent souvent à leur vie en banlieue, au département de la Seine-Saint-Denis dans lequel ils ont évolué. Mais ils sont également porteurs de messages, dénonçant le racisme et les inégalités sociales en France, portant un constat d’urgence sur l’état des banlieues.
Le groupe NTM comme porte parole du 93
Ce biopic commence à la création du groupe en 1988 jusqu’à son premier concert au Zenith de Paris en 1992. La réalisatrice, Audrey Estrougo, a confié s’être focalisée sur cette partie de l’histoire du groupe afin de mettre en valeur les messages qu’ils portaient et de dénoncer la situation des banlieues, qui à l’époque était rythmée par de nombreuses émeutes. Ayant elle-même grandi dans le 93 dans les années 1990, elle nous parle des deux rappeurs comme de deux défenseurs de leurs droits, militants pour la reconnaissance d’une jeunesse mise à l’écart. La réalisatrice, très reconnaissante envers le groupe, confie que lorsque que le gouvernement a voulu créer un bac « spécial 93 », ce sont Kool Shen et JoeyStarr qui ont agit comme porte-parole, défendant ces jeunes que l’on prenaient pour des « débiles ».
Un film comme reflet de la société
Ce film fait aujourd’hui écho à la situation actuelle de la France, secouée par de nombreuses bavures policières. Audrey Estrougo porte un message d’alerte à travers cette production, qui, selon elle, sort à la bonne période. Elle fait ici allusion à l’affaire Adama Traoré, décédé en 2016, et ayant fait l’objet d’une nouvelle expertise en 2020. Selon la réalisatrice ainsi que les acteurs Sandro Funtek et Théo Christine, en trente ans la situation n’a pas évolué et « le point de non-retour est passé depuis de nombreuses années ».
Ce film biographique sur un groupe de rap ayant marqué des générations n’est pas simplement une biographie de ces deux personnages emblématiques de l’histoire du rap français, mais c’est aussi et surtout une manière pour la réalisatrice de dénoncer les injustices, et, de la même manière que les chansons du groupe NTM, d’alerter sur la situation des jeunes de banlieues.
Sara Rousseau