Breaking Bad, un chef d’œuvre inoubliable de la télévision ?
29 septembre 2013. Le seizième et dernier épisode de l’ultime saison de Breaking Bad est diffusé sur la chaîne AMC. La série, acclamée de toute part, se termine sur un épisode sanglant, sombre et mené d’une main de maître. Ce maître, c’est Vince Gilligan, connu pour son talent d’écriture et ses capacités à renouveler les genres. À la suite de son arrivée sur Netflix, la série est (re)découverte par de nombreux téléspectateurs et fait de nouveau parler d’elle. Quelques mois après la sortie de son film-épilogue et de la dernière saison de sa série dérivée Better Call Saul, qu’est-ce qui fait de Breaking Bad un chef d’œuvre inoubliable de la télévision ?
Revenons en tout d’abord à Vince Gilligan, il maîtrise absolument toute son œuvre, métamorphosée en puzzle diabolique. Au fur et à mesure des saisons, les pièces s’assemblent, se détruisent mutuellement et finissent par s’emboîter dans une dernière salve d’épisodes dantesques. Logique de bout en bout et méthodique (à l’image de son héros principal), le scénario brille par ses différents indices et signes disséminés tout au long des cinq saisons.
Celles-ci, malgré un nombre d’épisodes plutôt élevé, sont parfaitement rythmées : aucun temps mort dans chaque épisode, l’histoire file à toute vitesse et le spectateur est contraint (avec un plaisir non-dissimulé) de suivre, minute après minute, les péripéties exaltantes de ses personnages.
En parlant des personnages, ceux-ci sont peut-être les mieux réussis de l’histoire de la télévision. Qui n’a jamais entendu parler du fameux Heisenberg et de cette réplique culte : “Say my name ?” Comment ne pas rester insensible face au jeu phénoménal de Bryan Cranston ? Celui-ci campe un père de famille, devenu un baron de la drogue qui sombre dans la folie au fil des saisons. Grâce à une interprétation brillante, l’acteur transcende son personnage et la série avec lui. Son acolyte, Jesse Pinkman, joué par Aaron Paul, profite aussi de scènes terribles où sa souffrance se ressent à travers l’écran.
Le duo fonctionnant à merveille et les deux personnages étant pris dans un conflit constant, leur développement en est d’autant plus marquant. Jamais une série n’aura autant fait évoluer ses personnages.
Mais ce qui marque d’autant plus, et qui achève de faire de ce show une œuvre majeure et magistrale, c’est bien sa réalisation. Mettant en scène tantôt des paysages désertiques du Nouveau-Mexique, tantôt la préparation de méthamphétamine par les deux protagonistes, l’équipe de réalisation réussit à chaque fois à nous immerger dans le récit. De conflits armés en scènes plus intimistes, la série jongle avec les genres mais n’oublie jamais sa ligne directrice, qui s’illustre par la réalisation : la descente aux enfers d’un homme, prêt à tout pour protéger sa famille. La route vers le dénouement est jonchée de retournements de situation en tout genre (mais toujours logiques) ce qui rend la série extrêmement surprenante. Le spectateur croit avoir tout vu, le scénario le prend encore plus par surprise. Celui-ci est accompagné d’une bande originale mettant en valeur les moments de tension extrême, où notre souffle s’arrête, coupé par un suspense fatidique. Les musiques ne sont pas choisies au hasard : elles traduisent des tourments des personnages.
Breaking Bad est un chef-d’œuvre. Vince Gilligan est un génie. Poignante, haletante et sombre, la série ne vous laissera pas indemne. Ultime lettre d’amour au genre dramatique, usé jusqu’à la moelle, elle prend son envol et renouvelle ses propres codes. Véritable référence, le TV Show et ses interprètes ont été récompensés de multiples fois, ce qui est parfaitement justifié. Peu de séries peuvent se targuer d’être maîtrisées de bout en bout mais c’est le cas ici. Regardez Breaking Bad, le voyage en vaut la peine.
Malo GAUVIN-DRILLAUD