22 Février 1980, état de New York, coup d’envoi des phases finales de hockey sur glace des Jeux Olympiques d’hiver. D’un côté, les soviétiques, vainqueur des quatre dernières éditions. De l’autre, une équipe américaine, composée de jeunes pousses, qui, pour aller chercher la médaille d’or, est contrainte de sortir une performance digne d’un miracle.

Depuis 1952, au hockey sur glace, l’URSS écrase la concurrence. Leur équipe, entraînée par Viktor Tikhonov, est considérée comme « la meilleure jamais alignée par l’URSS ». Pour remporter la médaille d’or des Jeux Olympiques d’hiver de 1980, à New York, la « Red Army » ne pouvait être mieux préparée. Face à eux, des universitaires… À l’époque, seuls des amateurs étaient éligible à participer à l’épreuve olympique de hockey sur glace. L’URSS prétendait que leur équipe nationale était composée d’amateurs (ce qui était complètement faux…) tandis que les États-Unis le déclaraient à juste titre, puisqu’ils prenaient des universitaires dans leur équipe nationale (des universitaires possédant une bonne condition physique, entraînés chaque jour de la semaine). Il n’en reste pas moins que le défi est immense pour les Américains. Pourtant, un seul y croit : Herb Brooks. L’entraîneur se base sur le modèle canadien : une bonne entente entre les joueurs et un entraînement vigoureux sera la clé de leur succès selon ce dernier. Afin de « s’échauffer » pour le Tournoi Olympique, les deux équipes s’affrontent en amicale. Les Soviétiques l’emportent 10 – 3, qui plus est, à l’extérieur. Comment faire ?

Une équipe soviétique qui domine les qualifications

Douze équipes, réparties en deux poules de six, sont présentes. Les États-Unis héritent du groupe A, les soviétiques du B. Avec une victoire 16 – 0 contre le Japon en match d’ouverture, suivie d’une autre de 17 – 4 face aux Néerlandais, cette vague rouge se poursuit sur les trois dernières rencontres, avec une victoire soviétique pour chacune d’entre elles. Cinq matchs, cinq victoires, 51 buts marqués, premier de leur groupe. Effrayant.

Les États-Unis entament leur compétition par un premier match nul contre la Suède, 2 – 2. Le groupe, qui ne se connaissait pas un an auparavant, réussit à convaincre les supporters, et fait espérer les plus optimistes d’entre eux. Il faut dire que les Suédois sont réputés pour leur excellent niveau de jeu, et un match nul est très loin d’être anodin. Ils confirment leur bon niveau de jeu en remportant les quatre prochains matchs et terminent deuxième de leur poule.

Quatre équipes se qualifient pour les phases finales. La Suède, les États-Unis, L’URSS et la Finlande. Les deux équipes du groupe A affrontent les deux équipes du groupe B. Les points gagnés lors des matchs de cette phase finale sont additionnés aux points gagnés lors des matchs de poule. Mais place à la compétition, le meilleur moyen d’obtenir la médaille d’or sans se reposer sur le résultat des autres est de vaincre l’adversaire.

Une première période haletante

22 février 1980, New York patinoire, Lake Placid, 8 000 spectateurs. Première affiche, celle qui donne envie sur le papier. L’Est contre l’Ouest, l’un est confiant, habitué, et s’apprête à jouer son hockey qui fonctionne si bien contre les autres. En face, c’est leur histoire qui se joue pour ces jeunes hommes.

Neuf minutes de jeu, et les Soviétiques ouvrent déjà le score sur un détournement de tir par l’intermédiaire de Vladimir Kroutov, l’un des trois ailiers gauches soviétiques. Un froid s’installe dans les tribunes, accompagné d’un gros doute concernant les chances de victoire de l’équipe à domicile. Les supporters sont rappelés à l’ordre. Ce n’est pas n’importe qui. Cinq minutes plus tard, Buzz Schneider, ailier gauche américain, prend ses responsabilités, parvient à tirer au-dessus de l’épaule du gardien soviétique. 1 – 1, la foule est debout. Mais, en face, c’est la meilleure équipe, celle qui remporte tout depuis quatre ans. 17e minute, Sergei Makarov, l’ailier droit, remet les points sur les i à la suite d’une bonne combinaison. 2 – 1. Ils ont égalisé une fois, ils peuvent le refaire ! Dans les tribunes, ça pousse, ça encourage, et l’égalisation américaine n’a lieu que deux petites minutes plus tard, à cinq secondes de la fin du premier tiers, et malgré les contestations russes, le but est validé.

Une fin de match historique

Début de la deuxième période, avec un changement pour le moins surprenant côté soviétique : Vladislav Tretiak, gardien habituel, laisse sa place à Vladimir Myshkin. Ce changement s’accompagne d’une tactique tournée vers l’attaque, qui finit par être payante, puisqu’à la 22e minute, Alesandr Maltsev donne pour la 3e fois depuis le début de la rencontre l’avantage à son équipe. Pour la 3e fois, les Etats-Unis vont devoir revenir au score.

Les minutes passent, et l’excellente performance du gardien américain Jim Craig permet à son équipe de rester dans le match. L’URSS ne parvient pas à creuser l’écart, mais reste néanmoins devant à la fin de la deuxième période, 3 – 2.

Un but de retard, tout est encore possible. Leur prestation est déjà grandiose, mais il faut rêver plus grand encore ! Les minutes passent, un gros pressing offensif est imposé par les Soviétiques, mais la défense tient, même s’ils n’égalisent pas, ils restent dans le match. Mais pour remonter au score, il faut attaquer. Rudesse et polyvalence seront les deux atouts qu’utiliseront les Américains, pour revenir une nouvelle fois au score : 48e minute, Mike Jhonson égalise après un tir repoussé par le gardien soviétique. Mais cette fois, les Soviétiques ne vont pas une nouvelle fois mener. Le capitaine américain Mike Eruzione prend ses responsabilités, et 1 minute 30 plus tard, donne l’avantage à son équipe. La foule hurle de joie, il faut dorénavant maintenir le score.

Les minutes sont longues, très longues, mais la défense ne faiblit pas malgré les nombreux assauts de l’équipe soviétique. Les sauvetages de Jim Craig sont de plus en plus fréquents, mais rien ne rentre dans la cage américaine. Et le klaxon final retentit, victoire 4 – 3 pour ses étudiants démunis de toute expérience dans ce sport. Un moment historique, pour eux, pour leur pays, pour le sport. Une victoire 4 – 2 face à la Finlande leur permettront d’empocher la médaille d’or, histoire de confirmer que ce n’était pas de « la chance » leur victoire sur l’URSS… mais un miracle.

Titouan Le Cosquer