[Culture ciné par] Louise : « Bohemian Rhapsody », ou un biopic un poil trop hagiographique

Rien dans l’histoire comptée n’est faux, mais on ne compte pas les nombreuses omissions et inexactitudes qui figurent dans cette biographie du groupe mythique “Queen”. Mais encore une fois, est-ce une biographie du groupe Queen ou un biopic dédié en l’honneur de l’éternel Freddie Mercury ? Et, bien trop en surface, directement taillé pour le culte, “ Bohemian Rhapsody ” qui était tant attendu par le public, a-t-il répondu un minimum à la complexité de la personnalité de la diva rock’n roll Mercury ? Pas sûr du tout…

13 juillet 1985, Queen monte sur la scène du Live Aid comptant pas moins de soixante-douze mille spectateurs et une audience d’un milliard de téléspectateurs. Une
performance qui n’a fait que confirmer les talents de bête de scène à la fois féroce et délicate de notre cher Freddie. Bohemian Rhapsody commence et s’achève par cet événement. Mais avant cela, le groupe a connu un parcours hors du commun laissant derrière lui des succès planétaires. Queen est inlassablement un groupe qui a marqué l’histoire du rock des années 70 jusqu’à encore aujourd’hui. Porté par le légendaire et charismatique Freddie Mercury, le groupe connaît un succès fulgurant jusqu’à la mort prématurée de leur leader moustachu. Un homme qui, toute sa vie, a défié stéréotypes, enchaîné les excès et révolutionné la musique.
Bohemian Rhapsody, c’est le défi d’exposer quinze ans de la carrière du groupe Queen, en seulement deux heures de film. Un challenge de taille au rendu final insipide.
Au-delà de présenter le groupe, Bohemian Rhapsody prend l’allure d’hommages, tenant comme véritable fil conducteur la vie de Freddie Mercury. Jusqu’ici, tout va bien. Le problème, c’est que le sujet a été totalement survolé. Tout reste en surface, on ne creuse pas les aspects psychologiques intenses du personnage. On lui dresse un profil trop lisse, se rapprochant du mythe, où aucune des nombreuses parts d’ombres du chanteur ne sont mentionnées, ou alors juste évoquées. On se contente d’une seule scène des fameuses soirées de notre diva, mais qui reste encore une fois bien trop gentille par rapport aux véritables soirées données. La question du SIDA est elle aussi bien trop succincte, on l’évoque juste. Freddie Mercury n’est pas représenté malade, le film se termine sur l’apogée du groupe au Live Aid, soit 6 ans avant sa mort.
Coté casting, le talent monstre de Rami Malek dans l’adaptation du rôle de Freddie Mercury laisse sans voix. Les mimiques, la gestuelle et l’entrain du personnage sont incroyablement bien incarnés, il a véritablement fait corps avec le roi du rock’n roll. L’interprétation est donc formidable, mais niveau mise en scène et scénario, là, ce n’est pas la même chose… Certaines scènes sont bâclées, comme la tournée aux USA qui laisse sur notre faim. C’est comme si tout le film n’est qu’un prétexte pour arriver à LA scène attendue : le Live Aid. Là, c’est frisson sur frisson à chaque musique qui passe grâce à la B.O. Malheureusement, ce n’est qu’une infime partie du film.
Il manque clairement à ce long-métrage une âme qui permettrait de nous faire voyager, l’âme de Queen tout simplement.

Louise Giraudeau