Le jour où les jouets ne voulurent pas retourner auprès d’enfants

Et si, parce qu’ils ont bien les boules (de Noël), les jouets jetés par les enfants ne voulaient même plus les voir lorsque, devenus adultes, ceux-ci revenaient les chercher (pour leurs propres enfants sans doute) ?
Le conte ci-dessous, écrit par Alice Rousseau dans le cadre d’un atelier d’écriture réalisé en Licence Métiers de l’édition option littérature jeunesse à l’IUT de la Roche-sur-Yon, est inspiré d’une carte du jeu DIXIT tirée au sort (voir en fin de page). Même s’il est perfectible, il est… un peu délirant et rigolo, et, quoiqu’il en soit, répond à tout ce que vous devez savoir lorsqu’il s’agit de raconter une histoire à vos satanés frères, sœurs, neveux ou nièces qui ne veulent pas s’endormir : l’histoire respecte le schéma narratif simple (à voir après le conte ce qu’à posé Alice), mais il comprend aussi une caractéristique majeure des fictions que racontent les adultes aux enfants : les grands y mettent sans honte tout ce qui leur passe un peu par la tête, à l’impro et à l’arrache, avec des incohérences grosses comme ça… Mais ça tient finalement la route. À tester vous-même si un gamin passe dans les parages…

Le jour où les jouets ne voulurent
pas retourner auprès d’enfants

À tous ces adultes qui jettent leurs jouets une fois l’adolescence finie,
à tous ces parents qui mettent à la poubelle les jouets oubliés de leurs enfants,
à toutes ces grandes personnes qui ont perdus leur âme d’enfance,
sachez que ces jouets ont une vie après la poubelle.
Une vie bien moins drôle que celle des dessins animés…

— 1 —

Amiral le cheval à bascule se lève tranquillement tandis que tout le monde dort encore. C’est toujours lui le premier réveillé. Il aime bien profiter du lever du soleil et regarder sa ville, Palace, se lever avant de se rendre à la mairie. Amiral est le maire de Palace, depuis son arrivée. À vrai dire, c’est le premier jouet à avoir atterri ici ; le deuxième, c’est Hector.
Hector est l’adjoint d’Amiral. À eux deux ils dirigent la ville et veillent sur les 2 054 jouets de Palace. Hector avec ses 11m99 est le plus gros ours en peluche jamais fabriqué. Malgré son impressionnante carrure, il est très empathique : tous les habitants savent qu’ils peuvent compter sur lui.
Hector arrive peu après Amiral à la mairie. Comme chaque matin en s’installant à son bureau, il regarde par la fenêtre et repense à Michel, son enfant. L’enfant avec lequel il adorait faire de la balançoire ; l’enfant qui l’a rendu si heureux. Mais peu après ses 16 ans, Michel avait décidé qu’il était temps de se séparer d’Hector. Et depuis, Hector vivait ici, et ne souriait plus jamais.

— 2 —

Nous sommes jeudi matin, et, comme tous les jeudis, Sophie la girafe arrive à 9h47 à la mairie et rentre dans le bureau qu’Amiral et Hector partagent à l’avant du bâtiment. Encore un jeudi de plus ou Sophie à besoin de se confier à Hector. Ce dernier, toujours à l’écoute, prend le temps de la conseiller sur son divorce difficile avec Elmer l’éléphant. Ils prennent le temps de partager leurs souvenirs d’autrefois ; ces souvenirs si heureux qui paraissent si loin depuis longtemps. Peu après son départ Hector prend sa pause.
La pause est toujours un moment de repos important pour Hector : il prend le temps de la savourer en regardant les jouets déambuler dans la ville et vaquer à leurs occupations. Tous les jours à la même heure il voit ainsi passer devant lui les Barbie® suivies par les Petshop®. Toute cette petite troupe se dirige vers le café du coin. Cars se pavane sur la grande place et son fan club habituel l’applaudit.
Hector satisfait de voir toute cette petite ville en pleine effervescence se retourne et s’apprête à rentrer dans la mairie, quand il entend une voix comme venue de sous l’eau  :

« Les adultes ! Ils sont là ! ».
C’est Arc en ciel le-poisson-avec-les-écailles-qui-brillent qui surgit à bout de souffle. Hector se fige : ce n’est pas possible ! Michel, l’adulte qui l’a jeté il y a presque 13 ans, serait là ! Or Hector rêve toutes les nuits de ces retrouvailles… C’est fantastique, alors ! Il va donc enfin pouvoir le retrouver ! Arc en ciel pris de panique lui explique rapidement la situation : les adultes n’ont plus de fabrique à jouets ; toutes ont été détruites par les robots-machines. Les enfants sont à cours de jouets ; il faut que ceux-ci reviennent pour rendre les enfants heureux.

— 3 —

Ni une ni deux, Hector prévient Amiral et tout deux s’élancent vers la grande place de Palace. Un étonnant spectacle s’offre à eux : les jouets sont tous rassemblés autour d’une espèce de toupie géante. On dirait bien un vaisseau spatial, mais de toutes les couleurs. Hector ne voit pas tout de suite Michel posté en bas de la toupie avec tout un groupe d’adulte.
« Que faites vous là ? » crie Hector en s’apercevant de leur présence.
–  Oh ! Hector ! Te voilà ! Tu m’as tellement manqué. si tu savais comme je regrette ton départ ! Je n’aurais jamais dû te délaisser. »
C’est trop beau pour être vrai, se dit ce dernier, Michel cache forcément quelque chose de louche derrière cette demande. Il ne peux pas laisser tout Palace revenir avec eux.
« Écoute Michel, c’est vrai que je repense très souvent à toi, mais nous n’irons pas avec vous, je refuse de revenir. Tu m’as mis à la poubelle sans te soucier de ce que je pouvais en penser. Il en est de même pour tous ces jouets. Je refuse de croire que tu viens uniquement dans le but de rendre heureux les enfants, tu ne me sembles pas honnête. Les adultes sont des pourritures avec lesquelles, nous, les jouets, n’avons plus rien à faire depuis bien longtemps déjà. »
Bien-sûr, une part qu’Hector meurt d’envie de tomber dans les bras de Michel, mais il ne peut pas faire ça, il doit penser à tous les autres jouets qui se tiennent derrière lui et qui ont tous étés abandonnés.
Une longue conversation de discussion et de négociation entre Michel et Hector en découle. Les jouets se sont tous arrêtés pour écouter le débat de plus en plus agressif entre Hector et Michel. Rien n’y fait ; Hector campe sur ses positions : il refuse que les habitants de Palace retournent avec des enfants. Petit à petit, les jouets se rapprochent et forment tout un troupeau derrière Hector, et chacun y va de son avis.

— 4 —

Depuis le départ Bulldozer se tient à l’écart du débat, c’est un des seuls jouets à ne pas prendre partie et à regarder la scène de loin. Personne ne remarque que de la fumée commence à sortir de son pot d’échappement. Tout le monde se trouve alors surpris quand ce dernier s’élance et fonce en direction de Michel.
Hector a juste le temps de comprendre que Michel et tous ces adultes étaient bien là uniquement pour le bien-être des enfants, et non pas pour les abandonner une deuxième fois, que Michel, tombé sous les roues de Bulldozer, ne bouge plus.
« Non ! Michel ! Michel ! Reste ! Je … Je vais revenir avec toi. »
Mais Michel ne bouge toujours pas, sa bouche ne s’ouvre pas, absolument rien ne se passe. C’est trop tard pour lui. Tandis qu’Hector éclate en sanglot à ses côtés, les jouets choqués par la réaction de Bulldozer l’incendient à cœur joie.
« Aaaaaaaah ! Bulldozer ! Qu’as-tu fait ? ». C’est bientôt le capharnaüm et les Playmobil® gendarmes doivent rapidement intervenir pour séparer Bulldozer d’Hector et de ses amis.
« STOOOOOOOP ! »
Ce cri semble sortir de nulle part, un rugissement si puissant que tous s’arrêtent et se retournent vers Amiral. C’est bien lui qui vient de lancer un tel cri.
« Stop, stop, stop ! Arrêtez ! Nous avons tous vécu de si bon moments avec les humains, souvenez-vous des nuits passés près des enfants, souvenez-vous de toutes ces heures de jeu avec eux, repensez à tout cela ! Quant à toi, Bulldozer, n’as-tu jamais vécu des moments merveilleux avec un enfant ? Pourquoi vouloir se battre comme cela ? Les adultes ont fait l’erreur de nous jeter, mais ils ne nous ont pas oublié pour autant. Regardez ! Ils sont aujourd’hui ici pour nous récupérer ! Les enfants ont besoin de nous… alors allons les retrouver ! »
Plusieurs longues secondes de silence se font entendre, Elmer est le premier à partir en direction de la toupie. Les adultes comme les jouets le regardent, il se retourne en lançant un grand sourire :
« Qu’attendez-vous ? Ils nous attendent ! »

— 5 —

Depuis trois mois, Hector, Amiral, Sophie, Elmer et tous les autres jouets ont retrouvé le sourire. Depuis trois mois les enfants ont trouvé de nouveaux meilleurs amis, de nouveaux compagnons de vie. Personne ne sait exactement ce que Bulldozer est devenu, mais ce qui est certain c’est qu’il n’est pas prêt de revenir parmi les enfants. Les adultes, quant à eux, se sont promis de ne plus jamais jeter les jouets à la poubelle, et de ne plus les oublier.
C’est vrai ça, c’est tellement triste de perdre son âme d’enfant en grandissant.


Le plan qu’Alice Rousseau a construit à partir de la carte DIXIT :

Monde : Tous les jouets qui ont étés jetés par les adultes qui refusent de rester enfants → ville : Palace.
Héros : Hector : très gros ours en peluche.
Personnages : Hector le gros ours en peluche, adjoint du maire Amiral le cheval à bascule. Sophie la girafe, Elmer l’éléphant, Arc en ciel le poisson aux écailles brillantes, les Playmobil®, les Barbies®, les Petshops®, Bulldozer et tous les autres jouets.
Incident déclencheur : Les adultes arrivent dans monde des jouets pour les reprendre car toute les usines à jouets ont été détruites par les robots-machines. Les adultes veulent donc récupérer les anciens jouets car les enfants sont tristes. Ils exigent alors que tous retournent avec eux.
Mentor : Amiral : le maire de la ville → va convaincre les jouets de retourner avec les enfants.
Obstacle : Bulldozer va tuer l’ancien enfant (devenu adulte) d’Hector et créer une bataille entre lui et les autres jouets → Amiral met fin à la bataille ne prenant son rôle de mentor.
Fin de la quête : Les jouets retournent dans le monde des humains avec les adultes pour retrouver les enfants. Toute la tristesse qu’ils portaient dans leurs cœurs avant à disparu pour laisser place à de la joie et de l’amour.