[J’ai 20 ans] « J’ai pas votre chien monsieur »

Avoir 20 ans, c’est aussi mettre un pied dans la vie d’adulte. Qui dit vie d’adulte, dit “apéro dinatoire”, et c’est exactement ce que j’ai décidé d’organiser en ce jeudi 5 avril 2018.

Comme toute bonne hôte, j’ai sorti ma plus belle vaisselle (des gobelets en plastique) et j’ai préparé des mets plus délicieux les uns que les autres (des pizza domino’s, ainsi que de délicieux big macs et croques mcdo, pour n’en citer que quelques uns). La soirée avait été prévue dans ses moindres détails : une compétition sur Mario Kart Wii allait avoir lieu dans mon logement au 1er étage du 10 rue Georges Pompidou, au sein de la résidence “Le Cadre Noir”. La soirée était donc sobrement appelé “Mario Cadre Noir”.

Les invités arrivent au compte goutte, les parties de Mario Kart s’enchaînent, certaines personnes que nous ne citerons pas se mettent à fumer à la fenêtre…Une soirée quoi de plus ordinaire. Là, un des convives, qui s’adonne au doux plaisir de la marie-jeanne m’interpelle : “Y a un mec louche qui vient de sortir de ton immeuble, il a l’air de chercher quelque chose” ; je me penche à mon tour à la fenêtre et je remarque mon voisin du dessus, Laurent S. (anonymat oblige), qui nous observe. Accompagné d’une jeune femme tout aussi marginale que lui, ils semblent être à la recherche du chien de Laurent (il ne le quitte d’habitude jamais, ce fut donc bizarre de le voir sans l’animal à quatre pattes). Le duo disparaît dans la nuit et nous reprenons doucement nos occupations.

Plusieurs dizaines de minutes s’écoulent et un tambourinement cinglant fait trembler tout mon logement. Plusieurs de mes convives (parmi les plus courageux) se retranchent dans ma salle de bain pensant que le jugement dernier est arrivé, d’autre plus téméraires continuent de vaquer à leurs activités (engloutir les mets divins concoctés par ce cher Ronald McDonald).

“RENDEZ MOI MON CHIENNNNNN !”, à l’évidence ce cher Laurent n’avait toujours pas retrouvé son chien et pour une raison qui nous a échappé, nous étions apparemment les dangereux terroristes qui le détenaient. Je me lance, non sans une certaine appréhension “nous n’avons pas votre chien monsieur”. Les tambourinements continuent de plus belle, et cette fois ci, j’ai bien l’impression que ma porte va céder sous les coups incessant de cet homme enragé. Une de mes amies arrivent à le faire déguerpir en hurlant que nous avions appelé la police et c’est non sans surprise, qu’elle arrive quelques minutes plus tard. Les forces de l’ordre tambourinent à la porte et mon premier réflexe est de hurler “j’ai pas votre chien !!!”, ce à quoi on me répond “Police, ouvrez !” (phrase que je ne pensais jamais entendre de ma vie). Nous leur expliquons la situation et ils se mettent à rire “un groupe de jeunes comme vous et vous aviez peur ? En même temps ça m’étonne pas, vous êtes beaucoup de filles”, après on a le culot de s’étonner que certains problèmes plus graves ne soient pas pris au sérieux *tousse* le viol *tousse*. Les policiers repartent tout contents après nous avoir dit de, je cite : “continuer à faire la fiesta”, alors qu’un homme venait de laisser une empreinte de pied digne de celle du big foot dans ma porte d’entrée…(photo à l’appuie en fin de récit, attention, certaines images peuvent heurter la sensibilité des personnes non averties !). Les convives commencent peu à peu à partir et je décide, dans un élan de bravoure de ne pas coucher chez moi. Je laisse donc derrière moi les restes de pizzas, ainsi que les emballages de burger et décampe au plus vite.

    Le lendemain matin, dès l’aube, je me décide à faire l’école buissonnière, non pas pour aller faire du shopping ou fumer des joints sous un abribus, mais bien pour aller porter plainte au commissariat…On m’apprend que mon voisin est déjà connu des services de police et que rien ne peut être fait. De plus, me disent-il : “vous habitez dans une résidence craignos”, donc il ne faut pas que je m’étonne… Enfin bref, une bonne semaine qui s’achève !

 

Lola MANIN