Ma mère souhaite que l’on se parle au téléphone au moins deux fois par semaine. Jusque là rien d’anormal. Par contre là ou ça devient un peu bizarre, c’est qu’elle veut toujours que ce soit moi qui appelle. Et si j’oublie, je peux toujours attendre, elle ne m’appellera pas. Elle préférerait rester trois mois sans m’avoir au téléphone plutôt que de faire la démarche d’appeler. Le plus drôle c’est que parfois elle m’envoie des messages pour me dire qu’elle est disponible afin de m’inciter à l’appeler. Je n’ai toujours pas compris pourquoi elle agit de la sorte. Selon moi, il y a deux solutions : soit elle a un forfait téléphonique limité, soit c’est un stratagème pour me faire passer pour la petite fille qui ne peut pas se passer de sa maman. Alors qu’en fait c’est l’inverse.

À vingt ans, on a un pied dans la maison familiale et un pied dehors. Quelques fois on aimerait être à l’intérieur bien au chaud. D’autres fois, on voudrait la quitter à tout jamais. Quand il s’agit de tout ce qui est documents administratifs, j’appelle à l’aide. Mais quand mes parents m’interrogent sur les moindres détails de ma vie, je fuis. L’autre jour je me suis rendue aux impôts pour la première fois, et je me suis sentie vraiment bête quand on m’a demandé si je touchais des APL. Je n’en avais pas la moindre idée. Maman au secours ! Par contre, quand ma mère me rappelle chaque semaine de ne pas oublier de réserver mon covoiturage pour rentrer, je lui rétorque volontiers que c’est bon, je gère, j’ai plus 4 ans. À vingt ans, on est un petit peu ingrat quand même envers ses chers parents.

 

Mylène FLORZICK