La quête du passage vers le Nord : 300 ans de pérégrinations autour du monde
Qu’est ce qui a poussé à tant d’explorations ? Pour répondre à cette question il faut s’intéresser à l’Histoire européenne ; depuis la prise de Constantinople en 1453 par L’Empire Ottoman les routes commerciales terrestres entre l’Asie et l’Afrique ont été fermées. Les européens ont donc cherché des routes pour accéder aux richesses de Cathay (nom donné au nord de la Chine par Marco Polo dans son «Livre des merveilles»).
À l’époque les épices valent aussi cher que l’or car elles viennent d’Asie et le transport prenait plusieurs mois. Le pays qui découvrira un passage alternatif serait donc en position de force. Plusieurs pays se lancent dans la course au passage alternatif.
Les routes africaines furent découvertes par les Portugais (Vasco de Gama), les Espagnols quant à eux grâce à l’impulsion du Génois Christophe Colomb découvrent un nouveau continent : l’Amérique (même si des vikings avaient déjà posé le pied en Amérique quelques siècles auparavant). Dès lors les Européens cherchent à contourner ce continent fraîchement découvert : le premier à y parvenir est Fernando Magellan
(pour le compte de l’Espagne) qui fait le premier tour du monde entre 1518 et 1522.
En 1497 déjà le navigateur Jean Cabot émet l’hypothèse d’un passage vers le Nord pour accéder par cette voie aux richesses de l’Orient. Mais trouver ce passage s’avère très vite compliqué : son voyage la même année ne fut pas couronné de succès. Plusieurs explorateurs vont alors chercher ce fameux passage trois-cent ans durant au prix de nombreuses pertes, notamment entre 1576 et 1578 : si les trois voyages successifs de Martin Frobisher vers l’Arctique lui permirent de donner son nom à la baie de Frobisher, ils ne lui permirent pas de découvrir le fantasmé passage. Pendant l’année 1776 le déjà célèbre capitaine James Cook part sur les traces de Béring, nom du célèbre marin mandaté par Pierre 1er de Russie en 1728 dans le but de déterminer si Alaska et Sibérie sont reliées entre elles. Mais l’expédition de James Cook dément l’existence d’un tel passage… car celui-ci est en permanence recouvert de glace à cette époque. C’est en 1822 que le passage est franchi pour la première fois par voie terrestre et c’est en 1906 qu’Amundsen (marin norvégien) le franchit pour la première fois uniquement par voie marine. De nos jours ce passage garde une valeur très importante dans les échanges transfrontaliers même si le canal de Panama (projet français, achevé par les Américains en 1914) tend toujours à supplanter l’importance du passage vers le Nord.
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Sources :
GAMA Vasco de (1469), Eila M.vJ Campbell, Consulté le 17/01/19 à 15h32, VASCO DE GAMA – Encyclopædia Universalis –
Découverte de l’Amérique : Christophe Colomb est un imposteur, la preuve par 3, Jean-Paul Fritz, Consulté le 17/01/19 à 16h15,
Tour du monde de Magellan (repères chronologiques), Pascal Buresi, Consulté le 17/01/19 à 16h42, TOUR DU MONDE DE MAGELLAN – repères chronologiques …
Cet article est lié à la conférence de l’Université Permanente, antenne de la Roche-sur-Yon qui a eu lieu le jeudi 7 mars dernier, à 18h15 :
Passage vers le nord : rêves et désillusions dans le passé et l’avenir des passages arctiques
Les passages arctiques préoccupent l’Humanité depuis fort longtemps, le désir de trouver des routes plus courtes que les routes circumcontinentales animant marins et puissances maritimes depuis l’époque des grandes découvertes. Cependant, c’est la réduction avérée de la banquise estivale au cours des dernières décennies qui a fait ressurgir cette envie d’utiliser ces routes difficiles, même si de nombreux obstacles existent encore pour les fréquenter de manière intensive. On verra notamment que les prétentions géopolitiques des États arctiques, presque opposées entre le Canada et la Russie d’une part, les États arctiques et les puissances globales d’autre part, participent autant à la compréhension des faits que le réchauffement de l’atmosphère.
L’intervenant était Jacques Guillaume.
Jacques GUILLAUME est géographe, professeur émérite de l’université de Nantes. Spé- cialiste des transports maritimes et des ports, il s’est intéressé depuis quelques années au monde polaire, comme du reste le lui suggérait le thème de sa thèse, soutenue en 1994, sur la Norvège. Il a publié ou coordonné plusieurs ouvrages et rédigé en particulier un chapitre sur les routes arctiques dans un livre récent (2016) sur l’Arctique en mutation, publié par les soins de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il a fait partie pendant de nombreuses années d’une équipe de recherche associée au CNRS sur les mers et les littoraux (laboratoire LETG).