[J’ai 20 ans] L’expérience du lave-auto ou l’art de se faire remarquer par le ridicule

20 ans, c’est un peu l’âge du premier appart’, des premiers papiers qu’il faut apprendre à gérer tout seul et qui vous font hurler et souvent, c’est l’âge de la première voiture. Voiture qu’il faut laver de temps en temps, parce quand même c’est notre première voiture qu’on l’aime et qu’on veut qu’elle soit propre. C’est alors qu’un beau jour, je me suis retrouvée embarquée sur le siège passager de la Fiat Panda d’une amie en direction du lave-auto le plus proche. Arrivées à destination, nous avons vite réalisé qu’aucune de nous n’avait expérimenté le lavage d’une voiture, détail crucial pour la suite. Nous nous sommes rapidement retrouvées perdues face à une machine sombre qui semblait demander une sorte de jetons inconnus que mon acolyte ne savait pas où se procurer. Pendant qu’elle essayait de régler les détails du paiement, je lisais sans vraiment lire les instructions qui étaient affichées sur la paroi de notre bloc de lavage. C’est alors que plusieurs actions se sont enchaînées :

J’ai réalisé que la phrase “Maintenir le pistolet karcher avant d’insérer le paiement” que je relisais pour la troisième fois sans y faire attention devait en fait être là pour une bonne raison.

J’ai entendu à côté mon amie qui insérait le paiement alors qu’aucune de nous ne maintenait le pistolet karcher.

Enfin, j’ai vu le fameux pistolet tressauter légèrement avant qu’il jaillisse de son socle et qu’il fonce vers moi propulsé par la puissance de l’eau.

Tandis que ma coéquipière, tétanisée, était dans l’incapacité de réagir, je réalisais après avoir esquivé le pistolet d’un bond que le seul moyen d’arrêter cette chose était de l’attraper au vol alors qu’il sursautait dans tous les sens, instoppable. Toute cette histoire était encore bien glorieuse.

Dans un rare élan d’agilité, je suis parvenue à saisir le pistolet et ai pu alors constater les dégâts. Je remarquais donc enfin que la totalité des clients du lave-auto avaient les yeux braqués sur nous, que mon acolyte était pliée en deux et pas plus que ça traumatisée, et qu’il faudrait un certain temps à mes vêtements avant de sécher complètement. J’ai donc commencé, impassible, à laver la voiture (ce qui était notre but premier rappelons-le) tout en essayant de paraître sérieuse en me réfugiant dans le peu de dignité qui nous restait. J’essaye encore de me convaincre aujourd’hui que j’ai réussi.

Claire Feldmann