L’accord de Paris, engagement réel ou hypocrisie environnementale ?
Deuxième article de la série de points de vue sur les accords COP.
Des engagements vertueux…
Il y a quelques jours s’est tenue, à Katowice, en Pologne, la 24ème édition de la conférence sur le climat. Cette conférence comme toutes les COP avait pour but principal de réunir les nations autour de la question du climat et de décider quelles directives prendre pour protéger notre environnement.
Le réchauffement climatique est donc naturellement devenu un sujet phare de ces conférences, et c’est depuis la COP 21 en 2015 qu’ont été fixées des limites concrètes en termes de réchauffement. Le chiffre resté dans les mémoires est 1,5°C : en effet, le 12 décembre 2015, 196 pays ont signé ou se sont engagés à signer l’accord de Paris sur le climat et à faire en sorte de limiter le réchauffement climatique soit limité à 1,5 degré d’ici à 2100. Mais il faut savoir que c’est en réalité une limite de 2 degrés qui a finalement été décidée et il a été choisi d’essayer de rester en dessous de 1,5 °C, si possible. De plus, l’entrée en vigueur de l’accord nécessitait la ratification de celui-ci par 55 pays responsables d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, l’accord n’est-il entré en vigueur que le 4 novembre 2016 : ce n’est donc qu’en novembre 2016, qu’un 55ème pays a signé l’accord ; d’où l’importance de prendre en compte la nuance entre : « 196 pays ont signé ou s’engagent à signer cet accord de Paris sur le climat ». Rappelons également les autres principaux engagements pris lors de cet accord : réunion tous les 5 ans pour fixer des objectifs plus ambitieux, apport d’ une aide internationale continue et renforcée aux efforts d’adaptation des pays en développement, mobilisation de 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020 puis jusqu’en 2025 pour financer cette aide. Ce sont des mesures qui témoignent d’une réelle prise en considération du réchauffement climatique et d’une volonté de faire de vrais efforts pour limiter celui-ci. L’image que véhicule cet accord de Paris est celle d’une communauté internationale soudée et prête à prendre des mesures importantes en faveur de la transition énergétique et de se détacher des lobbys industriels.
Quel bilan aujourd’hui ? Quels changements ?
Tout d’abord, on peut noter l’inefficacité des COP depuis la COP 21… Aucune décision forte n’a été prise ni suivie d’effets et de nombreux votes se sont soldés par des échecs parce qu’aucune majorité ne se manifestait. Cette année encore lors de la COP 24, l’augmentation de la périodicité des réunions (de 5 ans à 3 ans) pour fixer de nouveaux objectifs a été rejetée ; même échec pour le renforcement des mesures pour la réduction des émissions de GES. Pour reprendre un article du Monde, COP 24 les États pétroliers , Experts en blocage des négociations climatiques, « Le résultat final est décevant, car il y a un clivage profond entre la volonté de la très grande majorité des pays à reconnaître clairement le message du GIEC, et le refus d’un très petit nombre ». Pour rappel, le message du GIEC prend la forme d’une représentation de différents scénarios du réchauffement en fonction de la réduction au non des gaz à effet de serre. Ce sont également les intérêts personnels des pays (même ceux qui reconnaissent le message du GIEC) qui freinent encore plus les décisions.
Mais revenons-en aux autres mesures de l’accord de Paris : depuis 2015, 50 milliards de dollars ont été mobilisés en tout sur les 100 milliards par an prévus à la base. Voilà encore un signe du non-respect des objectifs de la COP. Avec un tel frein de la l’investissement vertueux, comment aider les pays en voie de développement à s’adapter aux défis d’un développement économique respectueux de l’environnement ? C’est tout simplement impossible !
Pour conclure, le contexte actuel, c’est à dire la montée en puissance des politiques extrêmes, de fermeture et d’unilatéralisme ne favorisent en rien les discussions internationales et donnent une idée de l’absence de volonté pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de limiter le réchauffement climatique. On peut notamment donner les exemples des États-Unis et du Brésil qui ont à leur tête des dirigeants climato-sceptiques : l’un a quitté l’accord de Paris et l’autre a refusé d’accueillir la COP25 en 2019. On en conclut ainsi que cet accord, bien que porteur d’un message d’unité et de politique mondiale de l’environnement, est en réalité symbolique et ne laisse que peu d’espoir quant à la réelle prise en compte des dangers qui menacent la Terre.
Simon Gauthier
Sitographie :