[Critique] « Cérès », de Janet van den Brand (première française) : le retour aux sources – ce vendredi au Manège à 11h15

Avec Cérès, Janet van den Brand nous emmène dans un retour aux sources suivre le parcours de jeunes enfants d’agriculteurs. Le film diffusé au Manège ce vendredi est troublant. Pas d’histoire, mais un film documentaire suivant plusieurs familles d’agriculteurs qui vivent de la terre et de leurs élevages.

Le titre du film nous renvoie à la mythologie grecque du temps où on vivait de la terre et où on sacrifiait volontiers des bêtes à la déesse de l’agriculture et des moissons : Cérès. Il est question de cycle : de vie et de mort, de saisons qui passent, de générations qui se succèdent… Et justement, le film s’ouvre avec la vie : une truie accouche de ses porcs.

Mais outre la vie des bêtes, c’est surtout la vie de ces enfants qui évoluent dans le milieu de leurs pères agriculteurs qui nous intéresse. On suit l’apprentissage de ces enfants qui déjà pour leur âge paraissent expérimentés et capable d’accomplir de nombreuses tâches : s’occuper des porcs ou des moutons, tuer et éviscérer un poulet, récolter des fruits, s’occuper des parcelles de terre… Mais plus qu’un apprentissage, on sent chez ces enfants comme une vocation et un dévouement à reprendre le flambeau de leurs parents.

Et pourtant, qui voudrait d’une enfance passé dans les champs à travailler ? Koen, Daan, Sven et Jeanine ont-ils vraiment eu le choix ? Ils ont été en quelque sorte conditionné dans cet environnement à travailler la terre et s’occuper des animaux. On les voit chérir les tâches qu’ils accomplissent. L’un d’entre eux s’attache aux cochons dont il s’occupe tout en sachant que 6 mois après leur naissance, il devra les laisser partir à l’abattoir où ils seront électrocutés. Finalement, on se demande si ces enfants en sont encore. On les voit aussi se plaindre de leur pays qui a trop de règles, il voudrait partir à l’étranger en Australie, en Nouvelle Zélande ou aux États-Unis. Jeanine, la petite fille du groupe, se met du vernis : elle en a plein, mais pas autant que les moutons de son père. Étrange paradoxe : on la voit aider son père aux champs puis se maquiller et mettre du vernis dans sa chambre, comme toutes les filles de son âge, finalement.

Si on oublie cet aspect un peu fataliste du film, Cérès, c’est surtout un moyen de retrouver ses racines et d’admirer le cycle des saisons affecter la vie de ses enfants et des exploitations de leurs parents. En hiver, on s’ennuie, on se demande pourquoi l’hiver existe. On craint les tempêtes, car elles sont capables de détruire le fruit d’une année de labeur en quelques instants. En été pendant les vacances, on travaille et puis on s’amuse un peu aussi. Il y a les bonnes récoltes et les mauvaises…

Le seul aspect de ce film qui pourrait heurter, ce sont les images qui dépeignent la triste vérité des abattoirs et du bétail abattu cruellement. Décidément, depuis le début de cette semaine de Festival du film, la viande est mise à l’honneur (cf article : Animal d’Armando Bo). Mais oublions un peu la viande et restons sérieux. Cérès, est à voir, car très touchant et simple.

Inès Roiland

Pour illustrer mon propos le trailer :