Le Baiser, de Rodin, et L’Âge mûr, de Camille Claudel

Cet article est lié à la conférence de l’Université permanente qui s’est tenue le 22 février sur le Campus de La Roche-sur-Yon.

Le baiser

Le Baiser, de Rodin

L’histoire du Baiser de Rodin n’est pas celle qu’on lui aurait donné. En effet, à la base, ce couple d’amoureux figurait sur l’oeuvre La Porte de l’Enfer et représentait des personnages torturés en enfer. Rodin décide d’en faire une oeuvre à part entière car les deux amoureux s’intégraient mal à l’oeuvre originale. La participation de Claudel a donné un rendu final plus sensuel. En 1888, l’État français commande à Rodin une oeuvre en marbre grandeur nature. Le sculpteur mettra plus de dix ans avant de la livrer et de la présenter au Salon de Paris en 1898. Loin de faire l’unanimité, Rodin s’attira les foudres des critiques d’Art car il admet avoir confier la mission du travail du marbre à trois praticiens de confiance.

Les deux amants de cette oeuvre ne sont autres que Paolo Malatesta et Francesca da Rimini, les deux personnages fictionnels tirés de la célèbre oeuvre du poète italien Dante, La Divine Comédie (1472). Francesca, femme mariée, tombe amoureuse de son beau-père, Paolo. Ils seront assassinés par le mari de Francesca après que ce dernier les ai découvert en train de s’embrasser. A l’origine, Rodin avait choisi pour titre de son oeuvre Francesca da Rimini . Ce sont les critiques d’Art qui ont, après avoir vu l’oeuvre, décidé de la renommer Le Baiser , un titre plus universel auquel chacun peut s’identifier.

Rodin a pour particularité de représenter les pieds et les mains de manière disproportionnée car il travaille ces parties du corps à part. Cependant, cette particularité permet d’apporter de la puissance et de la force aux personnages. L’artiste Brigitte Peskine s’inspire de grands maîtres tel que Rodin dont elle a revisité plusieurs de ses célèbres oeuvres comme Le baiser. Elle se l’est appropriée avec une approche cubiste et plus moderne.

Un baiser, de Brigitte Peskine

L’Âge Mûr

L’âge mûr, de Camille Claudel (CC Flickr)

L’Âge Mûr est l’une des réalisations les plus célèbres de Camille Claudel. Elle a été réalisée en plusieurs exemplaires à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle à la demande de nombreux commanditaires. Une version en plâtre à la demande de l’Etat en 1895 puis une autre en Bronze sur commande du capitaine Tissier en 1902 (exposé aujourd’hui au Musée d’Orsay). En 1907, Eugène Blot, peintre-décorateur, fait réaliser six nouvelles fontes au tiers de la dimension originale.

Les trois personnages de cette sculpture autobiographique figurent la douloureuse séparation de Camille Claudel et Rodin: une femme agenouillée symbole de la Jeunesse implore un homme âgé qui représente l’Âge Mûr. Il est entraîné par la Parque Clotho, qui fabrique et tient le fil des destinées humaines. Chaque protagoniste représente une personne réelle impliquée dans leur histoire d’amour soit : la Parque Clotho représentant Rose Beuret, la compagne de Rodin ; l’homme mûr évoquant Rodin et la jeune femme désignant Camille Claudel.

Claudel a voulu témoigner de sa tristesse et de sa colère envers Rodin, ne pouvant prolonger sa relation avec lui à cause de son prochain mariage avec Rose Beuret.

Sources
Musée Rodin
Grand Palais
Kazoart
France Inter