« Le Photographe » : entre spectaculaire et intimiste
Le dernier film de Ritesh Batra, Le Photographe sortira en salle en janvier 2020. À l’occasion du Festival international du film de La Roche-sur-Yon, les festivaliers ont pu le découvrir en avant-première. Le réalisateur nous dresse un portrait de l’Inde d’aujourd’hui où traditions et conventions laissent place au mensonge et au romantisme.
Une histoire d’amour à demi-mot. Rafi, chemise blanche et chevelure noire, déambule toute la journée avec son appareil photo près de la porte de l’Inde. Il photographie les touristes de passage et vend ses photos. Un jour, il interpelle une jeune femme indienne, Miloni, future experte comptable. Depuis ce jour, il ne vont plus se quitter. Pour faire plaisir à sa grand-mère, Rafi va lui faire croire que Miloni, qu’il appelle Noorie est sa fiancée. Les deux jeunes gens s’enfoncent alors un peu plus dans le mensonge dans ce pays où les mariages sont encore arrangés et ne laissent donc peu de place à l’amour. Miloni est partagée entre ses cours de comptabilité, la volonté de ses parents de la marier à un « bon parti » et Rafi, cet inconnu à qui elle rend service. Au fond, les deux jeunes gens, sans jamais le dévoiler, s’attachent l’un à l’autre. La jeune fille rêve de quitter la ville de Mumbaï, ses embouteillages, sa pollution et ses marchands de rue ; et vivre dans un village.
Le réalisateur nous en met plein la vue, le spectateur est plongé dans la culture indienne, les rues bondées de monde, les klaxons qui résonnent, les saris de mille et une couleurs, on arrive presque à sentir l’odeur des plats épicés. La grand-mère, Dadi incarne la tradition qu’il faut respecter, pour l’honneur. Miloni tente de rester dans les conventions pour plaire à sa famille mais son rêve est ailleurs. Et puis il y a Rafi, il promet à sa grand-mère qu’il va « monter une affaire » mais il est un peu désorienté, dépassé par ce qu’il est en train de vivre. La relation entre les deux protagonistes est très romantique, peut-être trop romantique pour nous, occidentaux. C’est au spectateur d’interpréter les gestes, les comportements, les regards. Dans de nombreuses scènes, ils se retrouvent dans un taxi, les discussions sont timides, les regards furtifs, mais l’écoute est là.
Lorsque le générique de fin surgit, on pense d’abord à une erreur. On attend avec impatience le premier baiser, la déclaration qui va tout faire basculer mais rien de tout cela ne se produit. Le réalisateur a fait le choix de nous suggérer cet amour, comme un murmure.
Léa Rifaud
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