[À voir absolument aujourd’hui] « Styx », de Wolfgang Fischer – ce dimanche à 14h au concorde en présence du réalisateur
Nominé dans la catégorie “Compétition Internationale”, le long-métrage Styx (2018) de Wolfgang Fischer est une des grandes fiertés de l’équipe de programmation du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon. Déjà présenté au Festival de Berlin, il a remporté de nombreux prix et dans biens d’autres cérémonies également.
Médecin urgentiste de quarante ans, Rike (Suzanne Wolff) passe ses vacances en solitaire sur un voilier. Seule, en plein milieu de l’Atlantique, elle est confrontée à une énorme tempête qui va bouleverser le cours de son périple. Aux dangers météorologiques, s’ajoute la détresse d’un navire transportant des migrants complètement abandonnés à leur triste sort de naufragés par les autorités…
Le film oscille entre la fiction et le documentaire, avec des images à couper le souffle, dévoilant la triste réalité du phénomène des migrants. On est subjugué par les couleurs et l’enchaînement des plans difficiles à tourner, comme ceux de la tempête. Quand on s’attaque à un sujet qui fait tant polémique que celui des migrants, le rôle du réalisateur est de s’effacer le plus possible pour laisser parler le film lui-même, et c’est ce que parvient à faire Wolfgang Fisher, à la perfection.
Il serait aussi impardonnable de ne pas souligner la performance de l’actrice principale, Suzanne Wolf, époustouflante dans son rôle. Un rôle qui demande énormément : tant pour la portée du message que doit transmettre son personnage, que compte tenu des conditions physiques du tournage. Le fait que l’actrice soit elle-même une navigatrice apporte énormément à son jeu.
Ce long métrage pose des questions existentielles face à la crise migratoire, puisque Rike va être confrontée à des ordres, par les gardes-côtes, de non-assistance à ces immigrés en péril. Le réalisateur interroge, par le cinéma, le rôle que peuvent jouer des citoyens lambdas, sinon leur sentiment d’humanité. Wolfgang Fischer souligne l’injustice d’un monde partagé entre une société occidentale privilégiée et ceux qui luttent, parfois au prix de leur vie, pour un avenir meilleur.
Le “Styx”, titre du film, est le nom de la rivière menant du monde des vivants à celui des morts dans la mythologie grecque. Ici, c’est l’océan qui en est la tragique incarnation.
Énora Tymen
Diffusé pour la deuxième fois ce samedi, Styx sera encore diffusé demain dimanche à 14h au Concorde, toujours en présence du réalisateur. Il serait donc bête de rater cette opportunité de voir un très bon film, et de pouvoir échanger avec celui qui en est l’auteur sur ces problématiques, plus qu’actuelles.