[#CADAVRE EXQUIS] Samedi- Voyage interstellaire
[Chaque jour, et sur le principe du cadavre exquis, redécouvrez en une histoire, la programmation des films de la journée]
Le Grand Départ. C’est ainsi que fut nommée la migration mondiale de la planète Terre en 2046. La planète était devenue inhabitable à cause de la pollution engendrée par les humains. Les catastrophes naturelles étaient de plus en plus récurrentes et violentes, entraînant la mort de millions de personnes. La décision fut prise. Il fallait quitter la Terre pour rejoindre un sol plus habitable : la planète B. Similaire à la Terre en termes de diamètre et dans la zone habitable d’une étoile de la taille du Soleil, B était la planète idéale pour accueillir les Terriens. À bord de milliers de vaisseaux spatiaux, les Terriens rejoignirent l’espace pour un long voyage à travers la Voie lactée.
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— Jour 1637 depuis le début du voyage avec mon père à bord du Phantosmia. Ça fait presque quatre ans et demi que nous nous dirigeons vers la planète B. Le voyage se passe bien, nous avons réussi à sortir de la ceinture d’astéroïdes sans aucun dommage. Il n’y a pas grand-chose à faire sur le vaisseau et je m’ennuie de plus en plus… La planète B est encore à des dizaines d’années-lumière alors même si nous passons à la vitesse de la lumière, nous en sommes encore loin… Je-
— DIANE !!! Rejoins-moi dans la cuisine ! Le repas est prêt !
Diane souffle alors, levant les yeux au plafond, avant de reprendre son journal de bord.
— Je disais-
— Diane ! Le repas va refroidir !
— J’arrive ! finit-elle par répondre, agacée. Didi, arrête la vidéo.
« La vidéo est arrêtée », répond une voix électronique alors que Diane ferme son ordinateur.
Elle se lève alors et s’étire avant de sortir du bureau pour rejoindre son père dans la cuisine. En passant devant la fenêtre, elle ne peut s’empêcher de s’arrêter pour s’y accouder, plongeant ses yeux dans le vide infini coloré d’étoiles. Elle observe au loin l’étoile du système planétaire que le vaisseau vient de quitter, surnommé Les paradis de Diane par son père en son honneur. Rien qu’à y repenser, elle pouffe et roule des yeux, son père avait de ces idées parfois ! Malheureusement pour elle, elle est interrompue dans sa contemplation par une violente alarme qui vient lui vriller les oreilles alors que le couloir se teinte de rouge.
« ALERTE ! Le niveau du réservoir d’eau vient d’atteindre les 20 % ! Veuillez refaire le plein le plus rapidement possible. ALERTE ! … » répète Didi, l’intelligence artificielle du vaisseau. Pendant ce temps, Diane traverse le couloir avant de sauter à travers une trappe, agrippant le poteau de descente jusqu’à ce qu’elle touche le sol.
Elle court jusqu’à la salle des machines pour comprendre comment cela a pu arriver. Le plein avait été fait quelques semaines plus tôt, il devait rester au moins trois mois avant d’atteindre les 20 %. Au détour d’un couloir, elle croise son père tout aussi agité qu’elle avant de s’arrêter sur la passerelle de la salle des machines. L’eau recouvre le sol sur une bonne cinquantaine de centimètres de haut.
Au revoir joie, bonjour tristesse. C’est une catastrophe ! Le réservoir est fissuré, il faut rapidement le réparer avant que toute l’eau ne finisse par terre. Leur vie danse sur un fil. Si l’eau atteint le moteur et les générateurs, le vaisseau sera condamné à dériver pour l’éternité dans le vide spatial. Toutefois, il y a encore de l’espoir. Si le purificateur d’eau fonctionne, Diane et son père pourront recycler l’eau pour qu’elle soit de nouveau potable. Évitant ainsi de retourner sur la planète Arcadia, ce que redoute le plus Diane.
Bien que cette planète soit habitée par les Bogancloch, une espèce humanoïde, ceux-ci ne sont pas vraiment amicaux avec les étrangers. Ils sont même plutôt hostiles, tout comme la nature qui regorge d’animaux sauvages et mortels comme les gigantesques oiseaux carnivores. Rien n’est inoffensif, tout veut votre mort. Juste en se rappelant l’état catastrophique du Tokyo Melody, le vaisseau d’Irène Drésel, Diane frissonne avant de se remettre au travail.
Pendant des heures, Diane et son père réparent le réservoir avant de vider toute l’eau de la salle dans le purificateur relié au réservoir. Quand aucune fuite n’est constatée, ils soufflent tous les deux, s’écroulant par terre. Le pire a été évité, ils peuvent se reposer.
— Bah alors ? T’es morte ? Je t’entends plus, se moque son père en brisant le silence.
— M’enterre pas trop vite, je suis encore là ! renchérit Diane en donnant un coup de coude à son père qui rigole. On fait vraiment une bonne équipe.
— Une équipe de rêves, tu veux dire !
— Oui oui, si tu veux…
— Bon ! Allons manger ! Avec tout ça, on n’a même pas pu casser la croûte !
— Je te suis, répond Diane en suivant son père jusque dans la cuisine.
Enora et Mélissandre