A quoi sert l’ISS ?
Le 23 avril 2021, Thomas Pesquet embarquait pour son second trajet en direction de l’ISS (International Space Station). Cette station spatiale, lancée en 1998, représente un immense laboratoire scientifique, situé à plus de 400 km d’altitude. Il y réside en permanence un équipage d’une dizaine de personnes. Cependant, selon certains détracteurs, elle aurait un coût exorbitant en comparaison avec l’investissement faible qu’elle génère. Dès lors, il semble légitime de s’intéresser à la véritable utilité d’un des plus grands bijoux de technologie que l’humanité ait jamais construit…
Contrairement à l’idée reçue, l’ISS n’est pas qu’une simple croisière excentrique offerte aux plus hauts ingénieurs en aérospatial du globe. Ainsi, Thomas Pesquet indiquait dans une vidéo de l’AFP tournée depuis celle-ci : “On n’envoie pas les astronautes dans l’espace pour qu’ils soient contents. Moi, ça me fait plaisir, mais personne ne me ferait cette fleur, juste pour moi. On le fait parce qu’on est convaincus que ça sert à quelque chose”.
Eh oui, les astronautes ont, tout comme nous, des tâches à effectuer dans le cadre de leur emploi et effectuent environ 40 heures de travail par semaine.
L’ISS, un laboratoire menant des expériences dans des conditions spatiales
L’ISS pourrait simplement être résumée à un laboratoire de plus de 900 m², ce qui souligne l’importance de ses fonctions scientifiques.
Premièrement, l’ISS est l’endroit idéal pour observer les effets de l’espace sur le corps humain qui n’est donc plus soumis à la gravité. En apesanteur, le corps humain a tendance à se ramollir, les muscles et les os à s’affaiblir. Cela oblige les astronautes à faire au minimum deux heures de sport par jour et à avoir une alimentation bien spécifique. Ces méthodes ne sont pourtant pas parfaites, puisque à leur retour sur Terre, les astronautes sont souvent très faibles. En outre, ces derniers peuvent aussi souffrir de certains troubles optiques pendant plusieurs années, en raison du changement de pression du liquide présent dans leur boîte crânienne, ce qui compresse le nerf optique. Enfin, ils subissent aussi un taux de radiation particulièrement fort, notamment dû aux rayonnements cosmiques et solaires. L’ensemble des ces problématiques révèle parfaitement les enjeux de la conquête martienne liés à la condition humaine puisque le voyage vers la planète rouge dure environ 1 an, aller-retour.
L’ISS, un laboratoire menant des expériences ayant un impact direct sur la vie quotidienne des terriens
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’ISS a permis de nombreuses découvertes médicales ayant un impact concret dans la vie terrienne. Par exemple, les astronautes étudient actuellement un traitement contre le cancer alternatif à la chimiothérapie. De plus, c’est au sein de l’ISS qu’est développé le spectromètre “alpha”, qui sera chargé par la suite de prouver ou non l’existence de la matière noire. Selon Thomas Pesquet, l’ISS est propice à de nouvelles expérimentations car elle n’est que très peu soumise à la gravité. Celle-ci masque certaines propriétés physiques, inobservables sur Terre. Cela permet donc de réaliser certaines expériences impossibles sur Terre (en raison de propriétés physiques différentes).
Enfin, l’ISS permet aussi certaines retombées technologiques indirectes puisqu’elle constitue un véritable catalyseur d’innovations scientifiques. Nous pourrions par exemple citer son bras robotique qui a servi de base à l’élaboration des bras que l’on utilise aujourd’hui en chirurgie médicale de précision.
L’ISS, un laboratoire d’étude des effets d’un confinement prolongé sur les astronautes
Afin d’anticiper un potentiel voyage vers Mars, des simulations de la vie quotidienne sur la planète rouge sont régulièrement effectuées, afin de mesurer des difficultés futures d’un voyage dans l’espace aussi lointain. Ainsi, en 2010, un équipage de 6 personnes est resté enfermé pendant plus d’un an et demi dans des modules en banlieue de Moscou. L’ISS, quant à elle, permet un immense apport de données concrètes pour la vie en communauté et veille à l’impact psychologique de l’éloignement. Elle permet aussi d’anticiper les difficultés d’organisation de la vie et des habitudes des astronautes, notamment au sujet de leur espace d’intimité, des tâches ménagères qu’ils ont à effectuer, etc.
L’ISS, un symbole fort de la coopération au sein de l’humanité
Au-delà de son simple intérêt scientifique, l’ISS revêt aussi une forte dimension symbolique. En effet, son assemblage qui a duré une dizaine d’années et qui a nécessité plus de trente missions spatiales, n’a été rendu possible que grâce à la collaboration inédite entre 5 agences spatiales représentant une quinzaine de pays (les Etats-Unis, la Russie, le Japon, le Canada et onze pays d’Europe). L’ISS est donc le fruit d’une étroite coopération internationale, ce qui renforce son unicité. C’est pourquoi l’Agence spatiale européenne (ESA) tente de susciter l’intérêt du grand public pour l’espace et le monde scientifique à travers diverses campagnes de communication centrées autour de l’ISS.
Toutefois, les dépenses engagées dans l’ISS depuis sa création suscitent un vif débat, car elles s’élèvent à 150 milliards d’euros, ce qui correspond à 35 fois le prix du très onéreux porte-avions Charles-de-Gaulle. Bien que cette somme paraisse exorbitante, elle reste minime comparée aux avancées technologiques, au symbole de coopération internationale et à l’espérance que véhicule la station spatiale internationale ; véritable allégorie de l’ambition démesurée des hommes.
LEVY-SOUSSAN Elio