[Culture ciné par] Aurore : « 99 Francs : l’histoire d’une chute »
99 francs, adapté du célèbre roman de Frédéric Beigbeder, s’amuse à dénoncer le monde de la publicité au travers d’Octave Parango, un publicitaire qui méprise tout au quotidien. Critique brillante de la société de consommation et du monde superficiel et immoral de la publicité. 99 francs est une œuvre majeure du réalisateur Jan Kounen.
Selon une étude de l’ONU, 10% du budget mondial consacré à la publicité suffirait à enrayer la faim dans le monde. Octave riche publicitaire de 33 ans, imbu de sa personne qui réussit tout ce qu’elle entreprend dans sa vie, en a pris douloureusement conscience. Il travaille pour les plus grandes agences de publicité mais entre caféine, cocaïne et pornographie, Octave ne maîtrise pas si bien que ça sa propre vie, et se trouve totalement largué dans cette société d’hyperconsommation. Au travers de la dégringolade sociale personnage, Jan Kounen dénonce comment la publicité mène le monde et manipule les consommateurs.
99 francs est clairement un électrochoc, qui ouvre les yeux sur notre société aliénée. La phrase d’introduction est d’emblée accrocheuse : “Tout est provisoire : l’amour, l’art, la planète terre, vous, moi… surtout moi.”, en référence à La Haine, de Mathieu Kassovitz. Le rôle cynique, égoïste, charismatique et mélancolique de Jean Dujardin illustre le mépris avec lequel nous considère la société de consommation ainsi que l’univers de la publicité. Octave démontre que celle-ci contrôle nos vies sans que l’on ne s’en rende jamais vraiment compte, que nous suivons le mouvement de la société aveuglément. Les nombreuses scènes sont d’une créativité visuelle généreuse, malgré deux d’entre elles sur la souffrance animale -hélas peu nécessaires au scénario et à la compréhension de l’absurdité de ce monde – qui se révèlent être dérangeantes.
L’humour trash de 99 francs soulève des questions intéressantes et essentielle dans la société actuelle. Attention, pub ! : 99 francs est un plaisir visuel et intellectuel, fortement recommandé.
Aurore Lecompte