[Critique] « Inuyashiki », de Shinsuke Sato – ce dimanche au Concorde à 16h30
Le film Inuyashiki est un live action adapté d’un manga de Hiroya Oku, qui nous prouve qu’il n’y a pas d’âge pour être un super héros.
Un vieil homme vient de se faire licencier. Il est peu estimé par sa famille, et en sus, on vient de lui diagnostiquer un cancer avec 3 mois à vivre. En proie au désespoir, il se rend dans un parc et aperçoit une lumière dans le ciel qui illumine la nuit. Lui, ainsi qu’un jeune homme qui se trouvait également dans le parc, sont transpercés par cette lumière, meurent… pour renaître transformés en robots aux pouvoirs surprenants. Cependant, la différence d’âge entre les deux personnages se fait sentir au travers de la rapidité avec laquelle ils s’adaptent à leur nouvelle condition : le vieil homme met du temps à comprendre, et surtout à apprivoiser les pouvoirs qu’il possède ; le jeune, lui, n’a aucun mal à s’adapter puisqu’on le voit utiliser très rapidement ses pouvoirs, et les maîtriser. C’est d’ailleurs pourquoi il aura toujours une longueur d’avance sur son « ennemi ». Nous avons ici une représentation de l’écart générationnel entre les deux protagonistes. Le récit suit son cours en passant alternativement du vieil homme bien attentionné, voulant faire le bien et avoir une reconnaissance de la part de sa famille, au jeune homme, qui a des intentions louables, mais qui commet des actes quelques peu irréfléchis et pulsionnels.
Le film est une petite pépite captivante, parsemée de notes humoristiques, ce qui allège le ton. Les personnages sont attachants, même celui supposé être le méchant : attachant, voire séduisant, du fait qu’il agit par vengeance. S’il agit mal, c’est à la suite d’événements qui l’ont blessé, comme le comportement de son père, ou ce qui arrive à sa mère, ou encore une amitié qui tombe à l’eau… Ce personnage est ambigu : on éprouve de la peine pour lui, mais en même temps on le déteste pour ses actes. Il incarne ces adolescents qui ont des réactions exagérées, et qui ne réfléchissent pas toujours à leurs actes. Le récit montre jusqu’où on peut aller par vengeance. Pour le méchant Shishigami, pas de réflexions inutiles : le pays entier, contre lequel il accumule des rancunes et des haines à la suite de la mort de deux de ses proches, mérite carrément la mort.
C’est bel et bien un univers de manga, mais tellement bien inscrit dans son univers qu’il en devient crédible ; on l’intègre et on oublie son côté décalé, or nous sommes en pure science-fiction. Inuyashiki est à ne pas manquer dans cette semaine de festival. Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, vous pouvez toujours commencer par lire le manga dont le premier tome est disponible à la Table des Libraires dans le hall du CYEL, ou regarder la version animée sortie l’année dernière.
Maëva Ygorra